Dimanche
17 avril 2016. 15 heures, place de la République. Je suis venu pour assister à
une « NuitDebout ». A une des nombreuses femmes habillées en tenues
ancestrales kabyles je demande s’il y a une fête kabyle ? elle me répond qu’il
y a une manifestation kabyle. Je pense aussitôt à une marche en mémoire des 126
jeunes tués par les gendarmes lors du printemps noir en Kabylie en 2001, dont
le premier, Guermah Mohamed Massinissa. « une bonne occasion pour
retrouver des amis de lutte lorsque j’étais à Paris » ai-je pensé. Et
puis, pourquoi ne pas les rejoindre ? D’ailleurs on entend au loin comme
un brouhaha typique des manifestants scandant haut des slogans. Ils arrivent
sur le boulevard du Temple. Je les rejoins à mi-chemin entre République et
Métro Filles du calvaire. Ce sont deux groupes bien distincts d’environ trois
cents personnes chacun. Une ceinture humaine de sécurité impressionnante
enserre le second groupe. J’étais loin, très loin de la réalité. Il n’est
nullement question d’honorer les morts du Printemps noir. A côté du
traditionnel « Pouvoir assassin » on entend surtout des slogans
exigeant, pas même l’autonomie, mais « l’indépendance de la
Kabylie », « Nous sommes pas des Arabes », et autres
« Algérie terroriste, Kabylie indépendante ». Au premier rang du
second groupe se trouve le chanteur Ferhat M’henni, protégé par une vingtaine
d’hommes. Cet homme a viré de bord. Il prône depuis quelques années
l’indépendance pour « le peuple kabyle ». Qu’il est loin le temps où
nos revendications pour une Algérie plurielle, démocratique, respectueuse de
ses langues nous étaient communes. Le temps où, lui, Da el Mouhoub et moi,
déposions à l’Unesco une plateforme de revendications, à la veille
du
déplacement en Algérie d’un panel de personnalités, sous l’égide de l’ONU.
C’était en 1998. Il est loin ce temps où, au début de cette même année 1998, il
me déballait – déjà – sur une table d'un café du 14° arrondissement de Paris, sa rancune, je dirais
même sa férocité, son hostilité, mais pas contre le pouvoir algérien, contre un
collègue, contre Matoub Lounès. Des diatribes inouïes, d’une violence extrême
sur les attitudes de Matoub, sur son orientation politique, sexuelle, sur sa famille…
l’horreur. Cet homme exige aujourd’hui une scission territoriale.
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