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mercredi, mars 06, 2019

634_ Le boulevard de l’Algérie libre et démocratique



 
Moins d’un mois après mon retour du grand Sud, j’ai troqué les mots de mon imaginaire et de la romance contre ceux qui disent l’effervescence populaire, qui chantent la hargne contre les hommes à la source des maux de notre quotidien. Je reviendrai plus tard aux premiers, le moment venu, lorsque les sourires s’afficheront sur les lèvres et dans les esprits. Ce temps léger n’est pas trop loin, je le vois se profiler à l’horizon, porté par l’Algérie entière.

 

Depuis ce désormais historique 22 février (l’histoire n’oubliera pas ces milliers de fervents supporters de football qui alertent, qui chantent leurs gammes aux tenants du « Pouvoir » depuis des mois, voire des années…), depuis ce désormais historique 22 février disais-je, nous sommes tous absorbés corps et âmes par le train des massives manifestations arc-en-ciel, permanentes et pacifiques, Selmiya ! Il ne se passe pas un seul jour sans que des jeunes, des pas jeunes, des chômeurs, des étudiants, des avocats, des femmes au foyer, des artistes,  battent le pavé algérien. Pas un seul jour depuis le 22 février.

 

Nous sommes pris dans les entrailles de cette révolution de velours en cours qui ne dit pas son nom, enveloppés par les mots d’ordre de cette jeunesse, mais pas qu’elle, traversés par leur puissance et leur vigueur. Des mots d’ordre et de conviction  contre le régime algérien autocrate, cleptocrate et sénile. Depuis ce 22 nous marchons, crions, écrivons pour dénoncer ce Système corrompu, Ennidham el fassed qui tente depuis la nuit des temps, en usant de tous les subterfuges, de tous les mensonges, de toutes les trahisons, de phagocyter nos espoirs, nos rêves, nos vies les plus ordinaires.



La première grande trahison s’exprima par la confiscation de notre indépendance et de nos libertés, dès le mois de juillet avec la prise du pouvoir par la force de « l’Armée des frontières », une des dernières par un coup de Jarnac en janvier et juin 1992, mettant fin au premier véritable printemps « arabe » né d’Octobre 1988.

 

Aujourd’hui, trente années plus tard, ce sont les enfants d’Octobre – auxquels le Pouvoir, ce Système corrompu, ce Ennidham el fassed n’offre que les stades de football pour faire diversion – enfants d’Octobre qui ont l’âge  de l’amour, de la fraternité et de toutes les bravoures qui nous prennent par la main et par le verbe « venez, venez, c’est par là le boulevard de l’Algérie Horra, Dimocratiya ! »  


Ahmed Hanifi,
auteur.
Marseille, le 6 mars 2019
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