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jeudi, juillet 04, 2019

658_ Périple 2019_ 6 _ Constanta, jeudi 04 juillet 2019




Nous sommes ici au bord de la mer noire, dans cette belle et balnéaire ville de Constata. Les touristes commencent à affluer au plaisir des commerçants. Ce soir il y aura une énorme fête qu’on a intitulé « Neversea, Island of Dreams ». Des dizaines de chapiteaux ont été monté à l’est de la ville, tout le long des plages agitées par la Mer noire. Ce matin la police semble préparée, sans en donner l’air, à toute éventualité.

Nous y sommes depuis hier. Nous avons quitté le camping de Belgrade (1), dimanche, au km 3009 pour nous diriger vers la Roumanie. La sortie de la capitale serbe s’est effectuée le plus normalement du monde (Merci TomTom le GPS du Nomadeur). Nous avons choisi comme à chaque fois les routes « départementales » dans la mesure du possible. Nous avons traversé les villes de Smederevo, Pozarevac, et d’autres villes, plutôt villages, comme Grocka, Branceva.
La route et les vallons se côtoient, depuis Grocka. Beaucoup de vignes et d’arboriculture (2). Il y a aussi des champs de tournesol qui, décidément, vont bien nous faire tourner la tête.
À l’entrée de Smederevo, nous longeons un cimetière ouvert sur la ville (sans clôture, comme aux États Unis) dont nombre de tombes ressemblent à des maisons (luxueuses) plus qu’à des tombes. La route est très mauvaise à hauteur de Kussika : une départementale avec beaucoup de nids de poules, le bitume y étant très fatigué (se pose-t-il ici comme au Bled la question de la corruption qui expliquerait cela ?).
À la suite d’une route départementale (elles sont nombreuses) en lacets, sans fin, apparaît brusquement (et de nouveau) le Danube, traversant la ville de Golubac, comme la ville de Taghit (au sud de Béchar) apparaît soudainement à la suite d’une longue et lassante route, posée au milieu des dunes comme une bénédiction, ou une offrande. Golubac est une ville balnéaire avec sa forteresse, très touristique que la route longe comme elle longe le Danube. (3)


Tout en haut des montagnes, de l’autre coté de la rive, en Roumanie, sont plantées une dizaine d’éoliennes gigantesques, comme autant de moulins hollandais, mais blancs immaculés. La route est très belle de Golubac à Donji Milanovac. Elle longe la Danube. Celui-ci est ici comme l’air qu’on respire. Partout il est. Sur son flanc ouest, de temps à autres sont posées des ruches, non loin desquelles des vendeurs proposent leurs produits (ou plutôt celui des abeilles).
À Donji Milanovac, (4) nous avons décidé, vu l’heure, 18 heures 30, d’y passer la nuit, le long de la berge du fleuve mythique, mais toujours pas bleu. C’est un petit village plutôt bien animé, avec ses restaurants et ses cafés. On se promène le long de la jetée en attendant la tombée définitive du jour. Des enfants taquinent des chats coutumiers du fait. Des couples se promènent jusqu’au bout de la ville. 
Le lendemain, nous basculons d’un jour sur un autre – évidemment  – et d’un mois vers le suivant, au premier lundi de juillet. Nous avons quitté le village vers 10h, au km 3207. Nous avons longé les Portes de fer jusqu’à la frontière avec la Roumanie (5). Le passage est très rapide. Sympathiques douanier et contrôleur de police. Celui-ci nous a informé qu’en Roumanie nous sommes obligés de nous acquitter d’une taxe pour utilisation des routes du pays. Trois € TTC pour une semaine. Pas le Danube à boire quoi. Mais, car il y a un mais, la tenancière du kiosque (pour être poli) est une exécrable fonctionnaire, bien assise. Mal polie et mal embouchée. Passons.
Il ne nous a pas fallu longtemps pour nous apercevoir que les Roumains, ou du moins les conducteurs roumains, ne sont pas très respectueux du code de la route. Tant s’en faut. À plusieurs reprises nous avons frôlé l’accident. Les lignes continues et plus encore les limitations de vitesse, ils ne connaissent pas. Oran à côté c’est du gâteau, ou du makrout bien miellé. Le GPS m’indiquait plusieurs fois que j’étais en zone rouge. À trop respecter le code, je me retrouvais en tête d’une farandole longue, longue de véhicules aux conducteurs probablement très en colère du fait de ma juste conduite. Comme je l’ai précisé, les limitations de vitesse sont décoratives, aucun respect, alors plus ou moins forcé, je me suis mis de la partie au grand dam du GPS qui ne voyait (par conséquent) que du rouge « 50 !, 50 !, 50 ! » ne cessait-il de m’alerter. (6)
Dans la ville de Filasi nous nous sommes arrêtés pour procéder à un change d’argent. Deux gars de la pâtisserie devant laquelle nous étions en arrêt sont venus nous apostropher à propos du Nomadeur. Ils ont tout voulu savoir : son prix, d’occasion, neuf, sa consommation, son constructeur, son intérieur, le reste de son habitacle etc. Entre Craiova et Pitesti, beaucoup de champ de tournesols et de blé à perte de vue. Nous avons passé la nuit à Pitesti au bord de la rivière Raul Doamnei et sans les moustiques, quel bonheur. À propos de change, les dinars serbes ne sont pas reconnus… nous avons mis la musique, tiens, c’est Elton John. Un jus de raisin l’accompagne. « Daniel is traveling to night by the train, Daniel my brother, your are other than me… » À la suite de Neil Young c’est pas facile. L’un et l’autre font défiler les années bonheur, les années 20 ans qui s’impriment sur le présent, le reléguant même – que c’est étrange  – à l’arrière plan du réel. Et l’émotion vous étrangle. Pour quoi (ou pourquoi) précisément, vous n’en savez rien. Ça monte, Ça monte... et c’est le temps qui vous écrase jusqu’à oublier le présent et cela n’est pas juste.
Je vous ai parlé il y a quelques jours de Pierre Philosophale et de Ibn Hayyam … (post n° 3)
Savez-vous (non évidemment) que ce périple que je vous déroule jour après jour fut longtemps un projet, et même un rêve avant d’être un projet. L’atteinte de son point culminant (que je vous annoncerais plus tard) est mon Hadj en quelque sorte (en quelque sorte), mon pèlerinage d’une certaine manière. Je vous en dirai plus plus tard. Sachez simplement que le point de départ s’inscrit dans le village de Tamentit dans le désert d’Adrar et dans le puy de Dôme, à Vulcania… et chez Ibn Battouta. Mais pourquoi tout dévoiler aujourd’hui ? Laissons les choses et le temps se présenter dans l’ordre de l’ordre.

Mardi au petit matin, nous abandonnons Pilesti pour entrer, via l’autoroute sur la capitale roumaine. Au premier coup d’œil on la trouve trop bruyante, un capharnaüm (rappelez-vous l’irrespect du code de la route), une cuvette bouillonnante sous 38° à l’ombre et pas un brin d’air tout le temps que nous y sommes restés. Un petit tour au Palais du parlement, ancien fief du Conducator, quelques bâtiments modernes, l’église Coltea près de l’hôtel Continental (angle des Bd Regina Elisabeta Caroll et Gen Magheru Nicolae Balcescu). La vieille ville de Bucuresti, le quartier de Lipscani, avec l’Université, le Musée d’Art national, l’église de l’annonciation (de nombreuses personnes qui passent devant une église se signent, hommes ou femmes, jeunes ou moins jeunes)… et ses nombreux restaurants et bars (un petit goût de la rue de la Huchette). Nous nous glissons dans l’un d’eux. Devant l’église Saint Démétrios de serment » (Biserica Stanful Dumitru, de jurâmant) un vieux monsieur joue de l’accordéon sans rien dire, demander. Probablement pour le plaisir ou la foi. Le soir du 2, nous avons décidé de ne pas rester dans Bucarest étouffante. Direction l’Est. C’est dans la ville de Branesti que nous posons nos bardas.

La nuit fut très agitée. Le lieu où nous nous sommes posés est en fait, un lieu  commun aux habitants, une sorte de lieu de rendez-vous d’amis. Nous avons échangé un peu avec des jeunes qui écoutaient de la musique plutôt albanaise ou turque que roumaine. La langue est parfois une barrière et les gestes seuls ne suffisent pas. L’échange fut assez court. Et si la nuit fut agitée c’est parce que le nombre de personnes venues à ce carrefour a été décuplé jusqu’au milieu de la nuit. Le village en question est très petit. Nous l’avons quitté mercredi matin, dès le déjeuner avalé. C’est alors que nous nous sommes aperçus que nous côtoyions une sorte de parc à chiens utilisé lors de compétitions. Mais tout cela reste à confirmer auprès de jeunes (ou moins jeunes) pouvant correspondre.
Nous nous sommes laissé tenter par l’autoroute (départ au km 3660), les routes secondaires nous auraient fait perdre beaucoup de temps. Malheureusement durant tout le premier tiers de l’autoroute, et comme nous l’avions déjà constaté par ailleurs, la route n’est pas recouverte de bitume de manière continue. Ce sont des plaques de béton de 3X4 mètres posées les unes à côté des autres et cela fait des soubresauts continus, insupportables. De part et d’autre de l’autoroute, ce sont des champs de blé moissonnés à perte de vue ainsi que des champs de tournesol. De temps à autre, sur des murets, près de ponts un drapeau roumain dessiné à la peinture, accompagne ce slogan « Bessarabia e Romania », parfois avec un point d’exclamation. Je n’en ai pas saisi le sens. 80 km avant d’arriver à Constanta, nous sommes surpris par un péage qui, n’a pas, nous semble-t-il, été indiqué. Bref 13 LEI (un peu moins de 3 €) à payer et nous voilà quasiment dans les environs de la capitale de la Dobrogea. Nous nous sommes posés près de la Marina, alors même qu’une gigantesque fête se préparait pour le lendemain et pour plusieurs jours : « Neversea, Island of Dreams ». Aussitôt nous sommes allés à la découverte du port et des hauteurs de la ville (cathédrale orthodoxe Apostoli Petru Si Pavel, la mosquée Carol 1, (Mahmoud 2) aux 140 marches, le musée archéologique…) Nous avons été pris par un orage des plus tonitruants et mouillants… Et ce fut le cas pour la plupart des badauds étourdis. Nous avons rejoint en courant Le Nomadeur, pieds nus et complètement trempés.
Ce matin, c’est presque l’effervescence. Les préparatifs de la fête battent leur plein. Nous retournons au cœur de la ville, un petit tour à proximité des sites que nous avons visités hier… La place Ovidius, La rue piétonne…

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