Nous
sommes arrivés hier à Astrakhan que nous nous apprêtons à quitter ce jour. Il a
plu toute la nuit. Ce matin, le temps est couvert, mais il fait bon.
Nous
avons quitté Gori il y a cinq jours pour Tbilissi. Sur l’autoroute on se croyait
sur un mulet au trop, jusqu’au son, cette sorte de clapotement exécuté par les
centaines de dalles en béton de 4 mètres de larges sur 6 : « clop,
clop, clop ». Les cigales qu’on pensait réduites au pourtour
méditerranéen, ont accompagné notre entrée dans la capitale géorgienne. Elles
ont elles aussi abandonné la Provence. Tbilissi nous est apparue fortement
sympathique sans effet de superflu, ni autre vernis.
La rivière Kuna
Tbilisi- Sa 20190720 - Dir la vieille ville- Rivière KURA |
la traverse
discrètement. Les panneaux d’indication sont peu nombreux ou nous ne les avons
pas reconnus ou su les lire.
La
vieille ville est très animée, forte de ses boutiques de souvenirs, ses espaces
réservés aux artistes
Tbilisi- Sa 20190720 N'est-ce pas Tahar Bendjelloun ? |
(l’un d’eux a fait le portrait d’un Tahar Bendjelloun mal
en point…), ses ruelles pavées, piétonnes… Les touristes sont présents mais pas
de grandes affluence. Aucun français (en apparence). Nous avons visité des
lieux de cultes : synagogue, églises, mosquée dite « du
vendredi »…
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Mosquée "Vendredi" de Tbilissi |
Nous
nous sommes arrêtés pour la nuit dans le village de Pasanauri, à l’entrée
duquel des rennes en bronze se pavanent. La route est correcte et
l’environnement fort agréable. Ce qui frappe c’est l’absence d’enfants dans les
rues, ici comme souvent dans les autres villes de Géorgie.
Le
lendemain nous avons repris la route avec une halte à la station de ski,
Gudauri,
GUDAURI, sur la route de Stepantsmina- Géorgie du nord, frontière avec la Russie- Dim 20190721 |
à plus de 2000 mètres d’altitude et après avoir vaincu des virages en
lacets et étroits à plus de 6 ou 7 % (et bien évidemment les souvenirs
autrichiens et turcs nous sont revenus martelant le crâne comme un lendemain de
fête arrosée). Les semi-remorques, habitués à cette route ne se privent guère
de vitesse… ni les véhicules ordinaires, russes ou géorgiens qui frisent
l’accident souvent.
De
nombreux restaurants affichent « Halal », et nous avons croisé nombre
de femmes tout en noir dont on ne voyait que les yeux. La population musulmane
s’élève à environ 6% en Géorgie. Mais là il nous a semblé que ces femmes
étaient moyen-orientales.
Nous
avons emprunté la « route militaire » et n’avions rencontré aucun
uniforme, mais seulement deux convois de camions militaires bien sages. Le
conflit entre Russie et Géorgie d’une part et entre Géorgiens d’autres part
(Osétie, Abkhazie) semble (momentanément) apaisé.
Entre Stepansminda et la frontière russe- ce matin du lundi 20190722 |
Nous
avons quitté Stephanisminda le 22 en direction de la frontière russe. De gros
gazoducs (probablement) traversent la rivière dont nous n’avons pas retenu le
nom. Nous avons atteint la frontière moins d’une heure plus tard.
Nous
nous sommes réveillés vers sept heures du matin. « Il n’avait pas plus
depuis mars. La terre de septembre avait la couleur de la cendre et l’air
sentait le métal. Les mouches ne se posaient jamais, on ne pouvait ouvrir la
bouche. » (S. Tesson, S’abandonner à vivre). Les routes sont investies par
des troupeaux de vaches balançant sans cesse leur queue pour éloigner les
mouches et autres parasites. Très peu de circulation. À la frontière géorgienne
nous sommes passés normalement en quelques minutes (peut-être dix ou quinze).
Les problèmes ont commencé avec les Russes. Nous sommes arrivés à leurs
guichets vers 8h30- 9h. Toutes les informations ne sont indiquées qu’en cyrillique.
Ce qui fait que nous avons emprunté un couloir réservé aux camions de
marchandises. Il a fallu du temps pour que nous nous retrouvions dans le bon
(alors même que les douaniers n’exprimaient pas la même information : l’un
nous demandait tant bien que mal en anglais de passer à droite, l’autre à
gauche… ils se sont même tenu le bec pour ce couac. Bref nos passeports sont
visés, reste le contenu du Nomadeur.
Frontière Géorgie Russe- ce matin du lundi 20190722 |
Un agent nous a demandé d’ouvrir les
portes, toutes les portes et tous les tiroirs, placards, penderie… Nous nous
sommes exécutés, mais pendant le contrôle nous avons égaré la clé du véhicule
ce qui amplifia nos problèmes… Bref et derechef… nous nous en sommes sortis,
clé retrouvée, à bon compte, une heure plus tard au km 6800.
Nous
avons eu par la suite affaire à de nombreux contrôles de police (une
dizaine) : le premier par des agents « KCB » et le dernier, à
Taramovka (Dagestan). Après Vladikavkaz (Ossetie du nord), le temps était à la
pluie, le ciel très couvert et un crachin parisien se déversait sur la ville.
À
Nazran (en Ingouchie), la plupart des femmes sont voilées avec de belles tenues
chatoyantes. Aucun voile intégral, ni burka ni tchador. Du local, rien que du
local. Un simple foulard noué, et une belle robe de couleur vive, le plus
souvent. Après Nazran, sur plus de cinquante kilomètres, que des plaines
immenses. Nous avions cette impression que le jour ne cessait de tomber depuis
midi. Le ciel était chargé de nuages blancs et gris, ne laissant transparaître
aucune lumière. Le GPS qui nous a abandonné en Géorgie est revenu avec ses
numéros, ses kms, ses plans, ses mises en gardes… Il risque de nous abandonner
de nouveau dans les jours à venir. Son humeur dépend de sa maîtrise ou non des
coordonnées satellitaires des régions que nous traversons.
Beaucoup
de vendeurs de melons et de pastèques se tiennent au bord des routes
GROZNY _ TCHETCHENIE |
et les
cigales sont revenues entre Grozny et Shchelkovskaya, accrochées à d’autres
arbres que les pins. Les panneaux d’indication ne sont écrits qu’en russe et
c’est tant pis pour nous qui payons la fierté (mal placée) des officiels
subalternes russes.
GROZNY |
Brusquement
le jour semble s’est dégagé à Tarumovka (Nogayskaya). Il est revenu lentement
sur le long pont de la ville précédente que nous avons traversé au milieu des
vaches indifférentes, toujours préoccupées par les mouches collantes.
Ville de TARUMOVKA _ Dagestan- Lundi 22 juillet 2019 |
Nous nous
sommes installés entre un stade de football ouvert et une caserne militaire,
mais que c’est une garnison nous ne le saurons que plus tard lorsqu’un
militaire s’est présenté et nous a demandé quelques informations.
L’appel
à la prière du matin était agréable. Une envie d’être aux côtés du muezzin tant
la voix était tout au respect des habitants de la ville. A-t-il insisté sur
« la prière est meilleure que le sommeil » ? Il n’est pas besoin
de crier, de beugler, hurler ou vociférer… pour mobiliser les fidèles.
Ce
matin nous avons pris la route pour l’extrême sud-est de la Russie. Dans un
champ isolé au bord de la route, à vingt km au nord de Tarumovka, est posée
hommage à un défunt |
une
stèle en marbre noir, comme une tombe, sur laquelle on peut lire un voeu en
arabe et apercevoir un fanion vert. Il s’agit d’un monument mémoire en hommage
à la personne décédée à cet endroit (ils sont tous de même forme et
proportions : 1M2). Sur d’aucuns on peut voir le visage de la personne,
parfois même accompagné du modèle de véhicule objet de l’accident.
Sur
le bord des routes des échoppes de vente de peaux d’animaux que nous ne
reconnaissons pas, et des chapeaux, des hamacs, des sièges divers… nous avons
traversé
La Steppe |
de grands espaces steppiques chargés de touffes d’herbe éparpillées
comme des touches de couleur d’un peintre sur sa toile. À l’un des contrôles
cités, de jeunes militaires oisifs nous ont demandé toutes sortes
d’informations anodines, juste par curiosité, intrigués par le type de notre
véhicule qui ne doit pas courir les rues, ni les routes du Dagestan (ou de la
région).
Par
endroit l’état de la route (récemment rénovée) laisse à désirer. La conduite
est déjà difficile à 80 km/h lorsque la chaussée semble danser sous les pneus
(on en a déjà parlé dans un post précédent, concernant la Géorgie), comment
font-ils alors, lorsque ces chauffards roulent à plus de 110 km/h, quels
risques alors que les panneaux limitent la vitesse à 70 !
La route chaotique |
Brusquement
la pluie s’est mise à tomber à grosses gouttes pendant quelques minutes. Sur la
route, des aires de repos sont alimentées en énergie solaire. Nous avons dû
traverser un tronçon de route long d’une trentaine de kms, complètement
chaotique, sans asphalte, par endroit boueux, sablonneux, impossible !
Cela nous a pris près de deux heures à rouler à moins de 20 km/ heure
(République Kalmykia).
La route chaotique |
Les initiés eux roulaient presque normalement, à 70, 80
km/h et même plus, sans parler des 4X4 frimeurs. Tous sous le regard dédaigneux
d’un troupeau de chameaux vacant à ses occupations de vie. Au milieu de ce nul
part, un café perdu est tenu par une mama plutôt sympathique qui ne parle que
très peu. Nous n’avons pu prendre de café, mais le
Café perdu sur la route chaotique |
Nescafé proposé. À l’entrée
et à la sortie d’une ville à quarante km au sud d’Astrakhan, une grande croix
peinte en jaune semble accueillir les arrivants ou bénir les partants.
Astrakhan |
Il faut
dire que jusque là ce sont ce sont surtout les mosquées que l’on a aperçues le
plus souvent. Dans Astrakhan, à l’extrême sud est de la Russie, les populations
sont mélangées. Beaucoup de « Russes »
Astrakhan |
Nous
sommes arrivés dans cette ville en fin de journée et nous nous sommes installés
près de la Volga, au centre ville, le Oblako. Dans un bar wifi, nous faisons la
connaissance de nombreux jeunes russes et non-russes :
Café-bar chicha- Astrakhan |
David, Miléna,
Evans et Alexis qui rêvent d’aventures et de d’Europe, voire de Chine… échanges
de coordonnées… Belle soirée.
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