Le
jeudi 4 nous avons quitté la vieille ville de Constanta en Roumanie (et le
magnifique muezzin de la mosquée Mahmoud 2
qui ne dérange que les abrutis et il
faut dire qu’il n’y en a très probablement pas ici, je veux dire d’abrutis
intolérants) pour nous diriger vers la Bulgarie (au km 3090). Beaucoup de
chiens errent dans les rues roumaines et bulgares, beaucoup d’animaux écrasés.
Les carrioles tirées par des chevaux, sont assez fréquentes. La Roumanie se
débrouille néanmoins tant bien que mal. Le niveau de vie des Roumains, les
ouvertures culturelles dont ils bénéficient, les libertés acquises… répondent beaucoup
mieux à leurs attentes (même si critiquer sans merci le système capitaliste
broyeur est un devoir) qu’à l’époque du Conducator Ceausescu, quoi qu’en
diraient certains journalistes algériens (dont quelques-uns sont même perçus ou
se font percevoir aujourd’hui comme des hérauts de la démocratie et des
libertés – si ceux-là, ces journaleux, s’échinent à l’envie de cacher leur
passé stal, n’est-ce pas Révolution africaine ? nous ne leur laisserons pas la
possibilité de l’effacer et demeurons vigilants tant que nous le pouvons.
Mosquée Mahmoud2 _ Constanta Roumanie |
Nous
sommes arrivés à la frontière romano-bulgare où nous avons dû attendre une
heure pour récupérer nos documents officiels. 20 km après la frontière, la
route traverse un champ d’éoliennes dont l’ombre des pales de certaines,
balaient la route comme le ferait la trotteuse d’une montre. Peu avant Varna
(troisième ville du pays) plusieurs abeilles sont venues s’écraser contre le
pare-brise de notre véhicule, une mini attaque involontaire (où l’on pense à
l’échouage de certains cétacés). Nous faisons halte en fin de journée dans
Obzor très animée, près d’un ensemble de véhicules de forains en charge de
l’animation de la ville. Dès minuit pétant, le brouhaha s’est éteint, comme à
la suite d’un ordre immédiatement exécuté.
Le 5
juillet on a pris la route vers la Turquie. Les jours passent, mais on finit
par ne plus trop savoir lequel on est à l’instant où l’on veut le fixer. Samedi
dernier, nous étions le 6 juillet (il a fallut qu’on me le souffle) et j’ai
aussitôt eu une pensée pour les Algériens qui continuent de manifester contre
le Pouvoir des militaires, encore et encore.
Nous
sommes loin, mais nous pensons aux nôtres, famille, amis, l’Algérie, très
souvent, en espérant que les aspirations portées par eux aboutissent bientôt.
Je
disais que le 5 juillet on a pris la route vers la Turquie, au km 4121. La
menthe donne quelques signes de faiblesse. La lavande n’a pas résisté. Nous
l’avons sacrifiée, mais avons gardé son terreau pour enrichir la plante verte.
Jusqu’à
l’entrée de la Bulgarie nous n’avons pas vu de policiers sur les routes. Dans
le pays, la police y est très visible.
Dans
la Planina, nous traversons de grandes et belles forêts.
La
pauvreté, plus visible en Bulgarie (des baraques et maisons fortement délabrées
habitées en ville) côtoie une minorité qui affiche sa richesse (grandes maisons
de vacances et véhicules de très hautes gammes) sans état d’âme, un peu à
l’exemple des arrivistes algériens (ou russes)
Nous
passons la frontière bulgaro-turque en début d’après-midi. L’attente côté Turcs
fut longue : chaque véhicule devant être enregistré (plusieurs informations)
et photographié. Le temps est à la canicule comme un peu partout.
MOCAMP à Sviliri- Istanbul |
Comme
la Roumanie et la Bulgarie, la Turquie a une heure de décalage avec la France
(GMT+1), et deux avec l’Algérie.
Nous
avons quitté Mocamp pour Istanbul l’ensorceleuse. Nous sommes restés sur les
bords de Marmara, dans le quartier Yenikapi, avec des centaines de familles qui
pique-niquent sur un immense parc. Nous avons discuté avec un groupe de
personnes qui nous ont signifié qu’il n’y a pas de fête particulière, mais
qu’il s’agit d’une coutume. Chaque week-end,
les familles s’installent le long
de la jetée, en faisant un barbecue. Les enfants s’amusent alors que les
parents pêchent, discutent, préparent le thé, le manger… des solitaires
marchent, font le jogging… d’autres font du vélo…
Le soir à Yenikapi Istanbul- sortie en familles |
À
notre arrivée nous avons traversé la vieille ville : Aya Sofia la Petite
Sophie.
En juin dernier, il y a un an, j’y avais supplié Dieu qu’il sauve ma
mère qui se trouvait en fin de vie ou à la lisière du monde. Je lui avais dédié
ce poème, « Sur le rebord du monde » (lire ici : http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2018/06/sur-le-rebord-du-monde.html).
Toujours dans le quartier SultanAhmet nous avons longuement discuté avec un
jeune ouzbek (garçon de café). Il regrettait que l’accès au visa français était
difficile pour ses compatriotes et qu’il fallait se déplacer jusqu’en Russie
pour cela. Il nous a dit qu’il serait à Tashkent en août et qu’il espérait nous
y rencontrer. Pourquoi pas ? Nous avons tourné dans le grand bazar et
autour, la mosquée Bodrum, le musée de la calligraphie, autrement la grande
avenue aux différents noms : Ordu Caddesi, Yeniceriler Caddesi, Divan Yolu
Caddesi, jusqu’à l’inévitable Mustapha Kemal Caddesi… Nous avons assisté à un
« enlèvement de la promise » nous dit-on. Une femme dansait au son du
tambour et de la Kaval, flûte traditionnelle.
Kuçuk AyaSofia Camii (la petite) Istanbul |
Ayasofya Istanbul |
À la
sortie du pont qui traverse le Bosphore un panneau indique « Welcome in
Asia ».
Si à Paris il faut une heure pour être au boulot, ici à Istanbul,
il en faut une journée entière ! Cette ville, nous l’avons vue et revue,
ça va, nous avons donné…
Le Bosphore |
traversée du Bosphore |
Les
indicateurs des voies express sont en bleu, ceux des autoroutes sont de couleur
verte et non bleue comme en France.
Entre
les villes, il n’y a aucune possibilité, sauf exception, de trouver un endroit
(aménagé ou non) pour se reposer, alors il faut user d’astuce : utiliser
les arrêts d’autobus, les entrées de fermes…
Un
camionneur de la ville de Kandari (que nous venions de passer) vient nous
offrir son aide, pensant que nous étions en panne, alors que nous déjeunions
tranquillement. Sympathique.
Un
vent frais travers Le Nomadeur depuis que nous avons abandonné l’autoroute, à
Izmit. Le soir nous nous sommes installés dans la ville de Akçakoca, sur les
bords de la Mer Noire dont elle tire le nom du sable, plus gris que noir, qui
refreine ses ardeurs.
Au
Çati Café Pub,
nous avons consulté nos mails, les articles de presse… Dans l’un
d’eux paru dans Algeria Watch (Le long chemin de la reconquête de
l’indépendance »), Omar Benderra écrit : « … en dépit des
pressions, des manœuvres et des blocages, le Mouvement de masse initié le 22
février, a démontré, semaine après semaine, la profondeur de son ancrage
populaire. » Lahouari Addi, dans El
Khabar de ce 7 juillet : « … Je crois que les militaires cherchent à
sauver les meubles, c’est à dire à faire élire un président qui efface de la
mémoire leur responsabilité historique dans le bilan de 57 années d’indépendance…
Le Hirak a été victorieux… Jusque-là… c’est une vraie révolution… La guerre
entre l’État major et les anciens du DRS (la Issaba) a pris fin, parce qu’ils
ont des intérêts communs. « les mouches électroniques (sur Internet,
Facebook…) se sont ralliées à Gaïd Salah pour faire échouer le Hirak… »
Cati Cafe - Akçakoca |
Nous
avons continué la route en direction de Safranbolu dans le Karadeniz. De
nombreux tunnels dont certains de plusieurs centaines de mètres sont à sens
unique. La limitation de vitesse ainsi que la double bande blanche ne servent
comme on dit trivialement que comme du beurre. Les automobilistes les ignorent
outrageusement. Ici comme à Istanbul de temps en temps des klaxons, mais nous ne savons pas s’ils nous sont
destinés, pour nous lancer quelques insanités gratuites ou bien des
« hello », saluant le « F » de France. La route étroite et
sinueuse entre Zonguldak et Kilimli nous empêche d’aller visiter les grottes de
Sofular et nous le regrettons.
À la
sortie de Zonguldak, une fontaine offre son eau de source du Bolu Daglart
(autour de 1400 m). Plusieurs automobilistes (nous aussi) s’y arrêtent pour
remplir des bouteilles d’eau de 5, 8 litres et plus. Nous avons échangé avec
quelques-uns, mais décidément la langue fait obstacle, et comme nous le confirmeront
Tuba et BeitAllah, les Turcs ne connaissent aucune autre langue que la leur. Ce
sont un jeune couple d’autostoppeurs que nous avons pris sur une cinquantaine
de kilomètres jusqu’à Karabük. Lui est étudiant en informatique, elle en
faculté de théologie.
Nous
avons visité le village historique, Tarihi Carsi classé au Patrimoine mondiale :
Caravansérail, la mosquée Kopulumehmet Pacha, le bazar, Kaymakamlar house
muséum… le village était saturé de touristes (beaucoup de Turcs et
d’Asiatiques).
Nous
nous sommes posés au bord du village Amasra, sympathique et touristique, avec
Wifi… d’où cet envoi.
|
Constanta vue du minaret Mahmoud 2 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire