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dimanche, avril 28, 2024

841_ Élias Sanbar: "LA DERNIÈRE GUERRE? _ Palestine, 7 octobre 2023 - 2 avril 2024

 

QUELQUES PAGES QUI METTENT À NU ISRAËL ET SES SOUTIENS

UN LIVRE FONDAMENTAL d’ÉLIAS SANBAR.

LE VOICI EN RÉSUMÉ.

 

ÉLIAS SANBAR : « ‘‘LA DERNIÈRE GUERRE ?’’ Palestine, 7 octobre – 2 avril 2024 »

 

C’est un court récit édité en ce mois d’avril par « Tracts/ Gallimard » sur la Guerre que mène Israël contre les Palestiniens, tous les Palestiniens. Une nouvelle guerre, « une entreprise d’annihilation, de destruction des Arabes de Palestine » écrit l’auteur. 

J’ai posté le document complet lundi dernier, sans qu’il y ait un seul commentaire (la vidéo qui l’accompagne a été vue 149 fois à ce jour. Le texte a été aimé par 5 personnes. Le livre s’ouvre sur ces mots : « J'étais parti dans les bras de ma mère, à bord d'un convoi de véhicules escortés de blindés anglais, qui déchargea au poste frontière de Nagoura, au sud du Liban, » l'excédent de sa cargaison » de femmes et d'enfants. » Il s’achève par un long poème de Mahmoud Darwich « Le Dernier Discourt de l’Homme rouge ». 

J’ai pensé que le livre serait plus accessible, s’il était résumé. Ce que j’ai fait. Le voici. Le livre d’Élias SANBAR comporte 45 pages. Je l’ai résumé en respectant au plus près les termes utilisés par l’auteur, souvent sans inutiles guillemets. Les mots qui suivent sont essentiellement d’Elias Sanbar. À la suite d’un préliminaire dont les premières lignes renvoient à la première enfance de Elias Sanbar (cf ci-dessus), celui-ci nous plonge dans la réalité de la guerre, « Nous sommes le 4 février 2024, le 120° jour de la guerre », avant de préciser que cette guerre que mène Israël à Gaza est ‘‘une entreprise d’annihilation, de destruction des Arabes de Palestine’’.

Tout dévoilement anticipé d’un plan d’après-guerre contraindrait à dire l’inavouable, le nettoyage ethnique en cours. 

Le cabinet de guerre d’Israël attend que le sort final (je reprendrais autrement : « la solution finale »), la destruction de la Palestine, soit réalité et rende ainsi caduques toute condamnation éthique et morale. L’objectif d’Israël est de régler définitivement la Question palestinienne, pas que celle de Hamas (Harakat el Moqawama el Islamiya).

Pour Elias Sanbar, le 7 octobre est le premier pion d’un jeu d’échec. Un jeu ou une certaine musique ou une rengaine qui a commencé en 2005 avec l’évacuation des colonies de Gaza : « Nous devons terminer ce que Ben Gourion a laissé inachevé en 1948 ».

Celui-ci écrivait en 1937, à son fils : « … L’accès à la majorité n’est qu’une étape… il nous restera à instaurer le Foyer national… Un État juif partiel n’est pas une fin mais un début… l’acquisition actuelle nous permet d’accroitre notre force… et nous rapproche de l’acquisition, de la rédemption du pays tout entier… »

Entre novembre 1947 et mai 1948, une guerre oppose le peuple de Palestine à une communauté juive (avant la création de l’État d’Israël). Cette guerre s’achève par le déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens.

Une autre guerre éclate à la suite, en mai (au lendemain de la proclamation de l’État d’Israël) entre Israël et plusieurs pays arabes, alors que les Palestiniens ont été forcés de quitter leurs terres ancestrales. 

Le récit israélien évacue la première guerre, ou précisément il « l’amalgame » dans la seconde et les Israéliens se présentent comme contraints de se défendre. Cela leur permet également de parler « d’accident de guerre » le déplacement forcé de 750.000 Palestiniens, de le présenter comme une conséquence de « l’agression des pays arabes ». Cela permet, poursuit Sanbar, « d’occulter le malheur des 418 localités palestiniennes rasées au lendemain de 1948. »

La guerre actuelle (octobre 2023 +) et celle de 1947-1948 mettent face à face « la totalité des sociétés palestinienne et israélienne ». Ce n’est pas le cas des autres guerres.

Dans leur narratif, les Israéliens disent qu’ils « reviennent » dans une terre qui leur est promise,  en Palestine, et que les populations non juives, les Palestiniens sont d’ores et déjà des « occupants illégaux de leur terre promise par la Bible. Les sionistes mènent une guerre fondée sur un droit divin et absolu et disposent d’un droit d’occupation exclusif ».

 

Face au « Mal absolu » que fut le nazisme, la création d’Israël était le « Bien absolu ». Selon le point de vue de l’écrasante majorité des Israéliens « il est impensable d’accepter un instant le fait qu’Israël est né d’une injustice commise contre un autre peuple, les Palestiniens. C’est ainsi que toute discussion critique concernant les circonstances de la naissance d’Israël est rejetée par les Israéliens. Ce questionnement sur la création d’Israël et l’injustice inhérente à l’encontre des Palestiniens est impensable chez les Israéliens. La reconnaissance de cette injustice « remettrait en question selon eux leur propre droit à exister ».

De leur côté les Palestiniens n’ont eu de cesse de mettre en avant la résolution 194 de l’ONU (11.12.1948) qui leur octroie le Droit au retour. Une résolution de l’ONU rejetée par Israël.

La guerre contre Gaza en ce moment, contre Gaza et toute la Palestine, est portée par « une politique qui vise à parachever la Nakba de 1948. »

Ce sentiment qu’ont les Israéliens d’être en danger de disparition (un danger « ressenti ») n’est pourtant pas réel, pas réalisable, malgré les mots d’ordre ou slogans. Ni les Américains, ni le monde ne laisseraient faire.

Si les Israéliens « sont habités par la peur d’une disparition possible, les Palestiniens eux, vivent une disparition réelle, celle d’un déni d’existence définitif. »

Le gouvernement Israélien actuel ainsi que la société israélienne (dans son écrasante majorité) désirent que les près de 8 millions de Palestiniens (y compris ceux qui sont citoyens israéliens) aillent rejoindre les près de 7 millions autres Palestiniens, réfugiés. Vider la Palestine des Palestiniens.

Au lendemain du 7 octobre et les mois suivants, Israël ne se contente pas d’attaquer Gaza. Le cabinet de guerre mène une guerre totale pour venir à bout de Hamas, mais surtout pour en finir avec tous les Palestiniens. « Cette guerre est la dernière » sans point d’interrogation du point de vue des Israéliens. « ‘‘La dernière guerre’’, c’est-à-dire d’être la phase définitive qui s’achèverait par la sortie de scène irréversible de tout le peuple palestinien. » 

 

Sanbar qualifie clairement l’attaque du Hamas comme « un crime de guerre qui a fait 1163 victimes dont 787 civils, et 376 militaires... et des viols sont commis ». Le choc est planétaire écrit-il. Les Palestiniens sont partagés entre la répulsion et la honte « ces choses ne nous ressemblent pas ! Ce n’est pas nous ça ! » Mais, les bombardements des civils par Israël viendront à bout de ces réactions. L’opinion palestinienne bascule dans le soutien à Hamas. Seule force face à l’occupant. La stratégie de Hamas a été longuement murie. Selon Hamas, « soumis à une attaque sans merci, Israël ne se contenterait pas des bombardements punitifs » ici et là. Israël était piégé écrit Sanbar. « Un traquenard digne d’un bon joueur d’échec ».

La maîtrise du temps, de la technique, pour stocker les armements, creuser des centaines de kilomètres de tunnels sans être repérés est impossible sans un maître d’œuvre extérieur, les Frères musulmans, l’Iran…

 

Dans les sociétés palestinienne et arabes « la sauvagerie des représailles israéliennes contre les civils, majoritairement des enfants, les attaques des hôpitaux et des ambulances…font qu’Israël est d’ores et déjà plus impopulaire qu’il ne l’a jamais été. »

Ces sociétés ont, devant l’impunité d’Israël, « la conviction que l’Occident pratique une politique des deux poids deux mesures. Elles rejettent l’Occident dont ‘‘Israël est l’enfant gâté, tous les crimes lui sont permis’’. »

Voici ce qu’écrit le journal israélien Haaretz (gauche) le 14.01.2024 :  « À supposer que la position d’Israël à La Haye soit juste et légale, qu’Israël ne commet pas de génocide ou quoi que ce soit qui s’en approche. Mais alors de quoi s’agit-il ? Comment appelez-vous les tueries de masse, sans discrimination, sans limites… ? » 

 

Un changement possible du Monde est en cours.

 

L’entrée en jeu du pays de Nelson Mandela, (plainte contre Israël à la CIJ) relève d’un renversement 

 Historique des ‘‘rôles’’. C’est une première mondiale. Voilà une nation du Sud en mission de la défense de l’universalité des principes, du rappel, du respect et de l’application des dispositions de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (12.1948) et la Déclaration universelle des droits de l’homme (12.1948).

 

Une autre première mondiale s’ajoute : c’est la première fois qu’Israël, le pays du « Bien absolu » est accusé de crime de génocide. En s’investissant ainsi, l’Afrique du Sud ne parle pas en son nom, mais pour toutes les nations qui subissent les méandres de la pratique des deux poids deux mesures. L’initiative du pays de Mandela signale un changement possible du monde et la saisine de la CIJ aura une résonance planétaire.

·      Les Sud viennent de briser le monopole d’un Occident auto-investi du rôle de l’unique garant du principe d’universalité, cette pierre angulaire de la Convention et de la Déclaration de 1948.

·      La saisine de la Cour de La Haye annonce que le système du droit censé régir le monde n’est pas défendu par ceux qui s’en sont jusque-là portés garants. À preuve, leur défense à géométrie variable des droits fondamentaux.

ON COMPREND AINSI comment la Palestine, petit pays souffrant d’une injustice séculaire, est, ce 26 janvier 2024, une caisse de résonance de l’état de la planète et le ‘‘pays-aune’’ du respect du principe d’égalité, le socle de l’universalité.

On est devant une mise en garde contre la catastrophe que serait la fin du monde du droit (inauguré à la suite de la seconde guerre mondiale). Edgar Morin écrit (Le Monde 22 janvier 2024) : Le massacre commis par Hamas et les bombardements meurtriers, accompagnés de persécutions en Cisjordanie et de déclarations annexionnistes ont réveillé la question palestinienne… les descendants d’un peuple persécuté pendant des siècles par l’Occident chrétien, puis raciste, peuvent devenir à la fois les persécuteurs et le bastion avancé de l’Occident dans le monde arabe… La démocratie est en crise sur tous les continents : elle se voit de plus en plus remplacée par des régimes autoritaires… »

Les résolutions de l’ONU, les règles et les principes ne semblent plus opérer… L’impunité d’Israël devient le signe d’une disparition à l’œuvre du droit. Cette évolution qui a été dévoilée par l’initiative historique de l’Afrique du Sud à La Haye était déjà en cours bien avant la guerre contre Gaza, avec la détestation du droit international par les États-Unis, la Russie, la Chine. Le véto est ‘‘roi’’.

Depuis sa création Israël est considéré comme un pays au-dessus du droit, comme une exception au droit. Un statut particulier justifié par les souffrances ayant préludé à sa naissance. Ainsi, si l’impunité d’Israël n’est pas une règle de droit, elle est néanmoins un droit d’Israël à la compréhension. Quels que soient ses actes.

(Suivent des paragraphes sur le dossier d’accusation contre l’Irak et la capsule d’anthrax… et la charge contre l’UNRWA aujourd’hui par Israël…)

La solution à deux États

Elle est à l’ordre du jour depuis la Conférence de Madrid… il y a plus de 30 ans. La Palestine a adhéré au principe « la terre en échange de la paix » sur lequel repose la Conférence. La Palestine (depuis la tenue à Alger en novembre 1988 d’une session mémorable de son Conseil national) « affirme la détermination de l’OLP de parvenir à une solution politique globale dans le cadre de la Charte des Nations unies… » Cette affirmation a été possible grâce à la distinction entre deux concepts : État, Patrie. La Palestine est la patrie du peuple, l’État palestinien sera instauré sur une partie de cette patrie. Celui-ci s’édifiera sur les territoires occupés en 1967 : Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza. « Le bât blesse d’entrée de jeu à cette conférence de Madrid (30 octobre 1991) écrit Sanbar. Il fut exigé des Palestiniens de négocier en deux temps. Un premier temps pour les dossiers les moins épineux et un second temps qui n’interviendrait qu’à la suite d’une période appelée ‘‘période intérimaire’’ et durant lequel seraient abordés les dossiers épineux, explosifs… Ce temps a desservi les Palestiniens, « aucune paix n’a vu le jour, et encore moins un État palestinien. Cette règle de ‘‘période intérimaire’’ fut mortifère ». Il ne s’est rien passé de constructif. Les Israéliens ne veulent pas d’État palestinien. Cette ‘‘période intérimaire’’ fut exploitée pour coloniser, toujours plus. Elle a servi les colons. 

ET AUJOURD’HUI ?

« Quelle serait l’évolution si l’on se fonde sur les annonces américaines aujourd’hui ? 

a-   Unité territoriale de l’État de la Palestine (Cisjordanie, bande de Gaza, Jérusalem-Est comme capitale), un État dirigé par l’OLP (avec élections…) 

b-  Un gouvernement transitoire et reconstruction de Gaza.

Cette évolution ne tient pas compte des obstacles existants. 

a-   Que faire du refus absolu de Netanyahou de voir naître un État palestinien aux côtés d’Israël ? 

b-  Comment faire revenir les USA sur leur reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël ?

c-   Le Hamas participera-t-il ou non, que feront les Américains ? 

d-  Qui stoppera (y compris par la force) la colonisation qui ne cesse de croitre ? Qui fera face à la guerre civile israélienne qui en résulterait ?

e-   Comment se déroulerait la succession de l’Autorité palestinienne (Mahmoud Abbas) chargée de tous les maux ?

f-   Quelle réponse au Droit au retour des Palestiniens de la diaspora ?

Il y a un risque que le concept de « période transitoire », qui a fait échouer le processus de Madrid, revienne. »

Élias Sanbar propose « une solution utopique ? » (avec point d’interrogation) qu’il appelle « La charrue avant les bœufs ».

Aujourd’hui beaucoup de pays envisagent ‘‘enfin’’ de reconnaître la Palestine. Ce serait un tournant historique à la condition de ne pas répéter les scénarios passés, tous consacrés à formuler la solution qu’Israël serait prêt à accepter.

Pour réaliser une paix durable il faut que la reconnaissance (de la Palestine) inaugure une rupture. Une reconnaissance qui parte non pas des désirs d’Israël mais des conditions préalables à toute négociation. Et ces conditions sont définies par les résolutions 242 et 338 de l’ONU.

Il y a une solution. Elle impose : 

·      de se dégager des ordres de séquences ‘‘normaux’’

·      et d’oser – avec ‘‘ sa charrue avant ses bœufs’’ – initier le chemin vers la paix par ce qui est supposé être sa fin logique.

« La négociation commencerait par une reconnaissance pleine et anticipée de la Palestine. Une forme de fiction juridique viendrait doter la Palestine occupée des attributs d’un État. Une forme juridique surprenante, mais novatrice et efficiente. »

Conclusion

Au 152° jour de la guerre (27 mars 2024), Israël n’a pas gagné la guerre. C’est la première guerre d’usure comparée au passé. Un sentiment d’impuissance pourrait naître et contribuer à l’émergence d’une opposition à la guerre. Il y a des signes annonciateurs.

Qu’en serait-il si Netanyahu perdait son poste de premier ministre ? Cela n’est pas à exclure. Il y a de fortes dissensions au sein du cabinet de guerre, il y a les manifestations des parents des otages aux mains du Hamas. Il y a la conviction générale que Netanyahou joue la montre pour retarder sa chute.

·      La longueur de cette guerre

·      Les images de milliers d’enfants morts

·      Les tonnes de bombes lâchées sur un territoire exigu

montrent   

1_ qu’Israël se venge contre les civils,  

2_ QUE L’OCCIDENT PRATIQUE À OUTRANCE LA POLITIQUE IMMORALE, RACISTE ET HOSTILE DES 2 POIDS, 2 MESURES.

 

Un pays qui change son « droit à se défendre » en vengeance contre un peuple entier ne porterait-il pas un coup, peut-être fatal, à la possibilité d’être un jour accepté par ceux qui lui font face ?

Israël est en train de perdre « ses attributs de moralité absolue » , socles de son impunité.

 

Les USA soutiennent Israël dans « son droit légitime à se défendre contre une organisation » et ils soutiennent Israël dans sa politique de vengeance sanguinaire contre un peuple. Cette cécité politique est exploitée par Netanyahou.

 

À la veille du départ pour la Conférence de Madrid (1991), lors d’une réunion avec les négociateurs palestiniens tenue à Jérusalem, James Baker leur déclare : « Vous obtiendrez plus qu’une autonomie et moins qu’un État ». Une réponse loin des aspirations palestiniennes.

Aujourd’hui, avec cette guerre de destruction de la Palestine que mène Israël depuis octobre, la proposition de James Baker, n’est même plus sur la table.

 

La dernière page de l’ouvrage, Élias Sanbar l’offre au poète qu’il est. 

 

« Impuissant, je rejoins comme toujours les territoires du poème... Ce peuple, le mien, je l’appelle depuis des années « les Peaux-Rouges de Palestine » et je suis atterré de voir comme Gaza subit le sort autrefois réservé aux « Réserves indiennes ». Le choix des paroles qui suivent n’est pas anodin.

Elles sont l’épilogue d’une longue pièce épique de Mahmoud Darwich, « Le Dernier Discours de l’Homme rouge. »

 

« … Ô maître des Blancs, où emportes-tu mon peuple et le tien ?...Vers quel gouffre béant montez-vous ? Et tout ce que vous désirez vous échoit… Quant à nous, nous fuirons un temps pour lequel nous n’avons pas encore apprêté notre obsession. Nous nous en irons vers la patrie de l’oiseau, volée d’humains avant-coureurs. Des gravats de notre terre, nous verrons notre terre; des trouées dans les nuages, nous verrons notre terre; de la parole des étoiles, nous verrons notre terre; et de l’air des lacs, du duvet du maïs fragile, de la fleur des tombes, des feuilles du peuplier, de tout ce qui vous encercle, ô Blancs, morts qui trépassent, morts vivants, morts qui ressuscitent, morts qui divulguent le secret. Laissez donc un sursis à la terre. Qu’elle dise la vérité, toute la vérité. Quant à vous, quant à nous. Quant à nous, quant à vous 

Il y a des morts qui sommeillent dans les chambres que cous bâtirez. Des morts qui visitent leur passé dans les lieux que vous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construirez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l'aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent. Laissez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts ». 

 

Les derniers mots d’Élias Sanbar : « Au 152° jour, ‘‘la guerre n’est pas finie.’’ »

 

Ni au 27 mars, ni au 2 mai 2024. Israël n’a pas gagné la guerre.

 

(Écouter, voir la vidéo : « The Penultimate Speech of the ‘‘Red Indian’’ to the white man sous-titrée en anglais)

 

Je vous remercie. ahmedhanifi@gmail.com

Jeudi 2 mai 2024




 





Je « dédie » ce résumé de « La dernière guerre ? » d’Élias Sanbar à tous ceux – proches ou moins, Algériens, Français – qui se sont toujours portés aux premières loges pour la défense des Droits fondamentaux de l’Homme, des peuples, et qui se sont brusquement faits muets, spectateurs (mauvais calculateurs ?) depuis octobre et les massacres par Israël du peuple palestinien : 34.568 morts et 77.765 blessés, majoritairement des enfants, et 80% du territoire de Gaza anéanti depuis le 7 octobre 2023. Avec la famine aux portes qui n’existent même plus.

Le campisme a supplanté les Droits humains. Il fait des ravages.

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________________________________ 28 AVRIL 2024_____________________________

"LA DERNIÈRE GUERRE ?"

« J'étais parti dans les bras de ma mère, à bord d'un convoi de véhicules escortés de blindés anglais, qui déchargea au poste frontière de Nagoura, au sud du Liban, » l'excédent de sa cargaison » de fermes et d'enfants.

Pour les adultes, l'exil débuta dans l'espoir d'une victoire imminente des armées arabes entrées le 15 mai en Palestine. Trop jeune pour me faire les mêmes illusions, j'eus une inflammation des paupières qui me rendit quasiment aveugle. Mes yeux semblaient irrémédiablement clos.

Ma mère, en panique, alla d'un hôpital à l'autre. Un ophtalmologue de l'Hôpital allemand de Beyrouth fit le bon diagnostique: «Madame, cet enfant a fermé ses yeux par réaction à votre propre peur. » Il me prescrivit un collyre.

Quelques semaines plus tard, je rouvris les yeux.

Mon exil a commencé par un trou noir.

Je ne me doutais ni ne me rendais compte que cette guerre de Gaza allait non me faire refermer les yeux mais ramener l'angoisse, celle de ma mère, celle d'un homme qui, au terme de longues années de combat pour une réconciliation historique avec ceux qui l'ont remplacé chez lui, assiste impuissant et furieux au massacre généralisé et ininterrompu des siens, au désastre de milliers d'enfants qui auront définitivement fermé leurs yeux.

Cette édition de «Tracts » est née dans de difficiles et éprouvantes conditions, au rythme des horreurs quotidiennes commises par une armée se prévalant d'être la « plus morale du monde ».

Nous sommes le dimanche 4 février 2024, 120° jour de la guerre.

Commencés il y a près de cinq mois, affrontements, massacres, bombardements sont encore là et je dois à l'évidence m'attaquer au sujet d'une guerre en cours, tenter dans une peine profonde une analyse à chaud permanent, sans recul aucun.

Deux remarques s'ajoutent à ce bref préliminaire.

La guerre qui culmine aujourd'hui à Gaza est aussi une guerre contre la Palestine, toute la Palestine. Le fait que ses terrains soient d'inégales intensités ne change rien à la finalité d'une entreprise d'annihilation, de destruction des Arabes de Palestine.

Reprise à longueur de commentaires, de conclusions d'experts, de frustrations d'États amis d'Israël ou d'Israéliens critiques de la politique suivie par leur cabinet de guerre, l'attente d'une formulation par Benyamin Netanyahou d'un éventuel scénario du « premier jour d'après » est pure illusion.

Loin d'être ébranlé par les critiques en Israël et dans le monde, par les reproches d'absence de vision, le cabinet de guerre israélien maintient le vague sur le sujet. Nulle incapacité cependant à rendre public un plan pour l'après sinon que tout dévoilement anticipé contraindrait à dire l'inavouable, le nettoyage ethnique en cours.

Soucieux de prévenir les critiques et les remous qu’un tel aveu susciterait, le cabinet de guerre attend que le sort final, la destruction de la Palestine, soit réalisé, accompli et irréversible rende caduque les condamnations éthiques et morales. »

Ainsi commence le récit d’Élias Sanbar que je ne commente pas. Je vous le livre en son état.



ELIAS SANBAR EST INVITÉ À ARTE_28 minutes, LE 24 avril 2024




























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