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jeudi, juin 01, 2006

26- Le TAS : THALYS 1440, COPENHAGUE


(Suite)

- Je suis Rian madame Tcherniak. Et il sourit.

"Madame Tcherniak" ne comprend pas. Surprise, elle forme un O avec sa bouche immobile. Aucun son n'en sort.
- Pardon reprend Rian l'air de rien. Il sourit encore mais cette fois avec une gêne dévoilée. Nue. Il me glisse en aparté, tu ne m'as jamais dis qu'elle ressemblait à. Il répète confus "pardon".
Mon regard interrogatif et très accentué doit le dissuader de continuer. Alors il se gare. Il se tait. Mais la confusion est partagée. Je suis dans une drôle de situation, confuse donc mais cocasse à la fois. Je ne suis pas encore remis.
Confrontées au silence, puis se bousculant les unes les autres, hissées à la force de mes profondes émotions jaillissent des paroles en gestation qui s’assoupissent et échoient lamentablement dans ma bouche entrouverte comme le feraient des notes de musique syncopées -elles ne seraient que signes- tombant d'une partition à la renverse, abandonnant le musicien à son sort. Ca… ne sort pas. On ne peut toujours faire confiance aux paroles. Elles cherchent le corps à corps inamical. Elles l’auront. Elles l’auront. A toujours narguer la confrontation on finit par…
Souvent je me suis dit : "Artiste, voilà ce que j'aurai pu devenir, si j'avais osé. Peintre". Car la peinture se passe des paroles. Mes pieds avancent. Tout mon corps est là à Stockholm. Tout mon corps et seulement lui. Katarina ou sa fille me donne le bras. Puis Eva ou bien Katarina suit. Plus rien n'existe. Les mots ont rebroussé chemin. Ces mots qui se valent tous ne veulent pas toujours exprimer la vie dans les contours que Je, dans toute son épaisseur leur dessine. Le peuvent-ils seulement? Peuvent-ils traduire ces chants profonds du corps, cette musique naturelle qui m'est intrinsèque? L’air me manque. Je transforme les paroles effrontées : des couleurs, des formes, des paysages émergent et s'incrustent face aux prédicats imprécis, aux verbes conjugués, aux pronoms interrogatifs incapables de représenter correctement les sensations, les émotions. Des images anciennes et confuses obstruent opportunément toute velléité d'évasion : Couchés les mots ! Je répète après nos maîtres que les mots peuvent être la pire de choses. En ces moments je n'en veux plus, voilà ma certitude. Alors des images parfois floues, parfois précises apparaissent. Les mêmes souvenirs déjà vécus, déjà revus. Et de nouveau, à l'identique encore une fois ils sont présents. Ils vont et viennent comme le reflux et le flux des eaux heurtant un rivage. Résurgences. Des images de mon père ainsi que d'autres plus imprécises ; celles d'une bruyante cours de récréation, d'un port saccagé. D'autres images encore incertaines et bicolores bousculent les premières, bousculent le présent. Elles dévoilent les effets d'un tremblement de terre montrés à la télévision de l'épicerie -l'une des rares télévisions du quartier- les jours suivants.
(On hurle de toutes parts. Mon père encore. Dans la cour de l'école, pendant la récréation, il s'attarde sous le préau avec d'autres adultes dont certains me sont inconnus. Pères et mères peut-être de mes camarades. Les jeux et les chants joyeux des chemineaux cessent. Je suis le vagabond / Le marchand de bonheur ! / Je n'ai que des chansons / A mettre dans les cœurs ! Monsieur Favre -le grand-père de Joëlle- se trouve parmi eux. Je les vois. Les gestes sont vifs ; les mains s'agitent et brassent l'air. Je cours vers mon père. Il me soulève surpris de me voir là parmi des adultes qui échangent leurs angoisses sur les tremblements sur les événements. Les haines s'attisent. Les regards se font perçants et venimeux. Le visage hagard, monsieur Favre, cheminot de son état répète après d'autres :
- Purée de nouzot, pourquoi, pourquoi?.
Je devine l'ampleur de sa terreur. A chacun la sienne. Mais ses questions sont tardives et l'histoire qui ne se retire jamais définitivement semble brusquement lui tomber dessus. Jamais durant les centaines d'années de joutes forcément inégales : Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins, Hilaliens, Turcs, Français, jamais l'Algérien haillonneux, opprimé fils et père d'opprimés, ne bénéficia d'une année sabbatique. Outragé violenté mais famélique et l'échine courbée, il manqua souvent d'impétuosité jusqu'au grand saut. La famille Favre et d'autres tombent dans une souricière ethnique. Le bon choix est ailleurs. Qu'avons-nous donc fait?
Que fait-Il ? Ces questions brutes naïves et sincères me harcèlent déjà.
Dans la tourmente mon père oublie que je ne suis plus en âge d'être pris dans l'étau de ses bras. Il finit par me relâcher. Sa fière et opportune eau de Cologne aux essences naturelles, concurrente heureuse du Ploum-Ploum dont s'aspergeaient nos grands-parents, envahit doucereusement mon innocence. Rien ne sera plus comme avant. Un monde de douleurs brusquement devant moi prend forme. Qu'ai-je donc fait? Le silence est Sa seule réponse. Je sens monter en moi la colère générée par ce mutisme. Je suis déjà à la fois surpris d'être là et pas content non plus. Quelques camarades s'approchent. Ils alertent au mieux qu'ils peuvent les maîtres et les maîtresses. Où est-Il passé? Je porte mes mains à la bouche mais la vomissure est là marquant de son empreinte humide cet environnement sordide. Déjà.
- Viens Razi, on part.
-Qu'y -a-t-il? Bouya ! Père !
- Ô mon fils, je meurs de souffrance / Ô mon fils, cesse tes malices / C'est Dieu qui l'a écrit…).
Il connaissait lui aussi la musique ! Le tremblement de terre n'a fait aucune victime dans notre école mais son souffle et ses répliques seront ravageurs. Les familles ont voulu avoir le cœur net. Les images le sont de moins en moins. Elles se donnent libre cours, naviguent à leur gré dans l'histoire, m'éclairent puis se brouillent. Ce ne sont pas des clichés. Mon père désormais ne sera plus que poussière ou mémoire. Probablement. L’air me revient suspendu aux images agonisantes. Je peux même me dispenser des images, ces seules notes me suffisent. Un air anglais qui n'est plus très jeune se fait corps : Si-la, do, do-do, do-la, do, la-ré, ré-si, la-sol, sol, fa-mi… Les sons forment une farandole. Ils montent et descendent, s'entrelacent, se mordent la queue, se font plus discrets. Les notes s'écoulent de plus en plus distantes mais à la fois toujours présentes, vivantes, dédoublées puis, hésitantes se volatilisent dans leur propre résonance ; dans le vide.
Mon corps et mon être sont entièrement offerts à ces femmes que je découvre ici et maintenant comme un premier jour. Etait-ce écrit? Housia et Katarina. Ka-ta-ri-na. Nous sommes emportés l’un et l’autre. L’un contre l’autre, nous sommes entraînés dans un tourbillon de mots amicaux de gazouillis de couleurs de paysages et de parfums ; de bonheur et de silence. D'émotions. Mais le bonheur comme d'ailleurs son pendant, n'a pas expressément besoin de mots pour se dévoiler. Les mots dévoient enferment trahissent condamnent. Alors, nous nous taisons et pourtant je me demande ce qu'en ce moment précis et important, l'une et l'autre pensent. De moi. De mon ami. De tout et de rien. Nous restons ainsi longtemps, car au moment où je lève la tête mes yeux croisent non pas un ou deux ou trois regards identiques amis ou frères ; ce sont treize ou quinze regards attendris, des regards mouillés qui s'offrent à nous. Il suffisait de quelques minutes de plus ou de moins pour que tout ceci n'existât pas. Il suffisait que je ne la visse pas, qu'elle ne répondît pas, qu'elle ne se retournât pas près du pont tournant, ce jour lointain sur les quais de Jemmapes. Je dis :
- Monsieur Rian, madame Rusbjerg Katarina, madame Eva.
- Pardon madame Rozbiai dit l'autre encore immergé dans son effronterie, je ne sais pas pourquoi…
- Venez dit Eva.
Nous suivons Housia d'un pas d'abord hésitant puis alerte jusqu'au parking. Une folle envie de la reprendre dans mes bras me paralyse. Je tente de maîtriser le souffle. C'est Katarina qui conduit la voiture. Housia et Rian sont derrière. Je me retourne. Housia me trouble. Le visage dans le moindre de ses détails est celui de sa mère y compris dans ces premières expressions qui s'offrent à mon regard ému. La longue chevelure comme un champ de blé, est agrémentée de bleuets : ses yeux saphirs.
- As-tu suivi des cours de français pour le parler sss, si bien?
- Oh, si bien si bien…je me débrouille. C'est grâce à ma mère, mitt moder… n'est-ce pas, mais aussi au Franska institutet où j'ai travaillé quelques mois. Je peux te dire biladi kadalik Jazaïr, c'est ça ?
- Ha-ha c'est fou ça, bravo ! dit Rian, mais alors vous pouvez même venir chez nous ! Je veux dire chez vous !
Elle promène hésitante ses doigts dans ma chevelure et commence : "Handi est parti…" Je feins un mouvement de recul, Katarina la coupe : "C'était mon compagnon. Vous pouvez rester autant que vous le voulez. C'est grand vous verrez".
Un parfum d'insouciance, un air léger flottent dans les avenues sur les ponts et dans les quartiers que nous traversons. Il pleut et cette pluie fine parfumée, cet air léger m'apparaissent comme un de ces éléments, ces petits riens uniques qui incarnent le bonheur. Ils sont le bonheur.
- Que c'est beau dit Rian au terme d'un long silence. C'est pas les embouteillages de Paris, ajoute-t-il sans conviction, juste pour habiller le calme.
Le calme n'en avait pas besoin. Il continue. "Embouteillages, engorgements, bouchons. On roule vite et boit beaucoup à Paris vous savez. Et on ne coupe pas le contact aux feux rouges". Il finit par saisir que le silence est précieux. Ce silence là. J'espère y demeurer jusqu'à Farsta. Nous ne disons rien effectivement jusqu'à l'arrivée. Farsta. Farsta est un village au cœur d'une forêt. Katarina ralentit, serre à droite puis d'un mouvement brusque engage la voiture sur la gauche. Elle contourne quelques arbres alignés en rangs d'oignons et stationne devant le 147 de la rue. 147 Hoggerudsbacken. Avec sa télécommande Katarina libère l’entrée du pavillon au véhicule. Dans le jardin elle coupe définitivement le contact.
- Et voilà soupire-t-elle.
- Belle maison dis-je obligé, c'est grand. C'est une belle construction de bois sur un étage, toute rouge.
- Housia occupe le premier dit Katarina, nous sommes toujours restées ensemble.
- Elle ajoute à l’endroit de Rian qui s’apprête à prendre les bagages :
- Laissez, on s’en occupera plus tard. Entrons nous réchauffer.
Dans le pavillon il fait bien chaud effectivement. Le feu dans la cheminée de l'immense salon y instille la confiance, renforce la luminosité comme il dissipe toute morosité. Nos pas sur le parquet sont ouatés. Les murs, les meubles, l'atmosphère, tout l'intérieur est imprégné des effluves forestières.
- Ca sent bon la forêt dit Rian.
- Elle se trouve là juste là, répond Housia en pointant son doigt en direction de la cloison. Elle ajoute : excusez-moi.
Rian se laisse prendre par les profondeurs douillettes de l'imposant canapé de cuir assorti. Ses yeux gambadent sur toutes les surfaces, sur tous les objets. Il est heureux et ne dit rien. Des grincements de portes et de chaises nous indiquent que Katarina hors de notre champ visuel, est affairée. Je regarde Housia qui revient. Le plateau qu'elle porte est chargé de fruits d'un broc et de quatre verres. Elle le pose sur la table basse devant nous. Elle s'assoit et prend quelques fruits. Méthodiquement elle les introduit un à un dans un presse-agrumes. Puis elle remplit les récipients. Katarina s'installe près de Rian et brise le long moment silencieux. Elle lève son verre : "Santé. Santé. Santé". Nous portons à notre tour le jus d'orange à nos lèvres, dans un geste lent ; solennel. Il n'y a que cela qui soit incontestable et définitif : la substance. Cette substance qui me transporte radicalement et entièrement dans une extase indéfinissable. Je suis subjugué mais aussi complètement -aussi paradoxal que cela puisse paraître- écrasé par une insidieuse souffrance. Indéfinissable. Je souffre aussi de la peur que ni Housia ni Katarina… Spontanément elles rompent le silence. Elles disent simultanément :
- C’est tout ce que…
Elles se regardent. Nous aussi. Puis rions de bon cœur.
- C’est tout ce que vous dites reprend Katarina.
Pourquoi faut-il toujours dire ?
- Venez.
Nous suivons Katarina qui nous présente les espaces dans le détail. Chambres, cuisine, salle de bain ainsi que l'étage. L'habitation est comme toutes celles du village, cernée par des bouleaux des aulnes et des chênes d'une grande forêt bruyante que nous nous dépêchons de découvrir avant que le soir se lève. Un peu partout le sol est envahi d'airelles et de ronces désabusées, fatiguées, dont on imagine seulement les parfums. La chlorophylle a disparu, les chênes et les bouleaux ont jauni. Je devine le grand lac qui illumine et héberge la forêt, au soir venu se délasser des embarcations et des planches à voile. Je devine aussi les quelques aboiements et ululations superposés qui importunent le calme général de la nuit. Nous revenons les bras chargés de bois que nous entassons dans la resserre puis regagnons le salon chaud.
- J'espère que vous aimez les fruits de mer, ne me dites pas non !
- Nous adorons ! s'enthousiasme Rian. Il ajoute comme si soudainement la réalité qui nous entoure se dresse devant sa conscience, le débarrassant du long trajet : on a fait un beau voyage.
- Ca alors fit Housia en se levant, ainsi tu vis depuis des décennies à Paris. Elle disparaît sans attendre de réponse.
- C'est extraordinaire, ajoute Rian. Nous n'avons croisé absolument aucun train, c'est fou !
Katarina se penche et pose la main sur la mienne. Ses doigts se crispent. Le silence bourdonne un long instant. Alors, comme enfantés par ce pesant silence les mots tombent comme une réelle délivrance pour Katarina.
- Le malheur qui a frappé le peuple algérien durant la dernière décennie du siècle passé m’a bouleversée dit Katarina. A vrai dire j’étais aussi très inquiète. J’ai pensé à toi un peu plus fort. Nous avons Housia et moi, maintes fois manifesté à l'appel d'ONG, contre la terreur en Algérie. J'ai été prise au piège de ma propre vérité. C'était une occasion formidable qui m'était offerte pour dire notre histoire, son histoire à Eva. Briser le mensonge. Le silence me pesait lourdement, chaque année plus que les précédentes. Alors ce drame qui brusquement inonda nos médias me parut une occasion unique. Je lui ai tout dit. Elle a été d'abord abasourdie. Il y eut plusieurs semaines de silence. Elle ne me parlait plus. Elle t'en a voulu. Cela a pris beaucoup de temps. Des mois ou des semaines je ne sais plus. Beaucoup parmi nos relations, des amis aussi que j'ai mis au courant, ont préféré s'éloigner. Puis les plaies se sont cicatrisées. Housia s'est mise à collectionner tout ce qui se rapportait à l'Algérie. Puis elle a décidé de te retrouver. Voilà.
- J’ai tout de même mis quelques années avant de t’écrire, dit Housia qui revient les bras chargés d’une encombrante mallette en bois, sculptée d’arabesques qu’elle ouvre aussitôt. J’ai longuement hésité. Je voulus faire le déplacement. J'ai tenté un courrier…
- Quelle chance dit Rian.
- A qui le dis-tu ! Explique leur Rian !
Housia extrait de la valise des photos qu’elle nous tend. Des revues et des articles de presse, locaux et étrangers. Ils traitent tous d’un même objet : l’Algérie. Le roman Nedjma en suédois, les damnés de Fanon, des photos de la grande mosquée Ketchaoua d'Alger, une reproduction du vieil émir Mahieddine bardé de décorations maçonniques, un poème berbère épique enrobé de caractères arabes, deux estampes : l'une représente la Kahéna, l'autre la baie d’Oran méconnaissable. Il y a aussi quelques bibelots à l'origine incertaine. J'en profite pour leur offrir les revues et cigarettes françaises. Elles ne fument pas. J'aurai pris du chocolat n'était sa légèreté fondante.
La soirée s'achève dans la joie autour d'un plat de fruits de mer donc, de souvenirs et de mousseux pétillants. Le passé s'empêtrait dans le présent et celui-ci dans celui-là. L'un et l'autre avançaient, remplis d'anecdotes d'éclats de rire et de découvertes. Tout y passe : Jemmapes, Chevreuse, Roskilde, Nyhavn, Amalienborg, le Casanova ! Et l'Algérie. Ah le désert, le thé, l'espoir ! Rian et Eva sont restés cois.
- Tu te souviens de tes histoires à dormir debout sur la deuxième Internationale et demi ! Grimm, Adler, Vienne, Moscou… Tu t'en souviens?
- Et toi, tu oublies ce que tu disais?
- Oui mais toi…
C'est toi qui détenais la palme des bêtises avec des histoires de socialisme spécifique !
- Tu veux peut-être dire que j'étais miso, pardon maso? peut-être bien…
Les soirées se talonnaient. Chacune s'installait puis se laissait convaincre par la suivante. Un jour Katarina m'apprit qu'elle n'était plus infirmière :
- La SACO à laquelle notre syndicat est affilié se prépare à organiser une fête rien que pour moi à l'occasion de mon départ !
La SACO c'est la confédération générale des travailleurs intellectuels de Suède. Voilà. Et la fête est prévue pour le début de l'année prochaine, dans quelques semaines. Nous en reparlerons. Ne confonds pas avec la SAC qui est l'organisation centrale des travailleurs. Tu viendras?
- J'espère mais je ne promets jamais rien. Tu as quitté l'hôpital?
- Il y a bien longtemps que j'ai quitté la santé. J'ai opté pour le juridique. Il y a trop de contraintes dans les métiers de la santé. Parlons d'autre chose.

(A suivre…)

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Notes :

Madame Tcherniak : clin d’œil à Nathalie Sarraute dont c’est le vrai nom. J’essaie dans le paragraphe suivant de puiser en partie dans son approche romanesque. [Coincidence, au moment de la construction des passages sur le flux de conscience, Sarraute meurt à Chérence, d’où le clin d’œil.]
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A toujours narguer la confrontation on finit par… : L’aposiopèse. Le lecteur ajoutera ce que bon lui plaît : Nous ne pouvons que. / Spontanément Katarina. / Entre la faucille et. / besoin de survie sous peine de. Etc
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Je répète après nos maîtres que ‘les mots peuvent être la pire de choses’ : Esope (fabuliste grec - VII° – VI° av J.C.) disait que la parole peut-être la meilleure et la pire des choses.
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Les mêmes souvenirs déjà vécus, déjà revus. Et de nouveau, à l'identique encore une fois ils sont présents : en réalité, nous ne retrouvons jamais tout à fait, par la mémoire, le passé tel que nous l’avons vécu. Nos souvenirs évoluent avec nous.
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Je suis le vagabond / Le marchand de bonheur !… : hommage à des amis du boui-boui « chez Saïd » aux alentours d’Arzew… pour oublier…

Je devine l'ampleur de sa terreur. A chacun la sienne : durant des années SEULS les autochtones (musulmans essentiellement) furent terrorisés par la colonisation. Aujourd’hui (1962 et avant) les colons, et plus largement les pieds noirs sont à leur tour terrorisés
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Mais ses questions sont tardives et l'histoire qui ne se retire jamais définitivement … : l’Histoire ne s’avoue jamais vaincue, elle se « venge » tôt ou tard.
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L’air me revient…ces seules notes me suffisent. Un air anglais qui n'est plus très jeune se fait corps : Si-la, do, do-do, do-la, do, la-ré, ré-si, la-sol, sol, fa-mi… Les sons forment une farandole. Ils montent et descendent, …Les notes s'écoulent …puis, hésitantes se volatilisent dans leur propre résonance ; dans le vide… : à propos de la pure durée de Bergson, lire Jan Patocka : « Introduction à la phénoménologie de Husserl ».
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Je suis subjugué mais aussi complètement…écrasé par une insidieuse souffrance. Indéfinissable. : Cioran (Le livre des leurres / De l’inconvénient d’être né)

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La SACO, la SAC : depuis 1920 Stig Dagerman était membre de la Sveriges Arbetares Centralorganisation (SAC), l’association centrale des travailleurs de Suède…née dans le sillage du socialisme utopique et de l’anarchisme…
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