Nous voici à Pyatigorsk. Jolie ville avec son lac, ses petites échoppes en hauteur, ses allées ombragées et ses trams trolley usés, verts, bleus, rouges, « Y bac doma ! ».
Une
pensée à I… (Marseille) que j’ai eue en apprentissage linguistique il y a une
quinzaine d’années. Elle résidait dans cette belle ville.
Nous
avons quitté Astrakhan pour la frontière du Kazakhstan. Les petits
transporteurs de voyageurs sont très nombreux. Nous en voyons depuis la
Turquie. Ils contiennent une vingtaine de places. Grâce à l’un d’eux nous
sommes allés à Yar Market, un grand centre commercial et ainsi découvrir les
environs du centre ville.
Le
matin le temps était très lourd. Après avoir traversé une rivière à Krasny yar
sur une espèce de pont toboggan nous avons subi une trombe d’eau de pluie. Nous
sommes arrivés à la frontière du Kazakstan. Nous avons attendu plus d’une heure
côté russe, bureaucratie crade oblige (fouille etc.) On a passé la frontière
Kazaque sans problème après un long no man’s land de 10 km.
La
frontière kazaque passée, la route a été bonne sur environ un kilomètre.
Ensuite sont apparus des panneaux indicateurs de travaux sur 6 km. En fait de 6
km se furent une cinquantaine, de route absolument impraticable, malgré les
véhicules locaux (y compris les semi remorques) qui l’empruntent sans
sourciller, à 80, voire 100 km à l’heure. Nous, nous roulions entre 11 et 13
km/h. Rouler plus vite aurait endommagé tout ou partie de la cellule du
véhicule (et cela a commencé avec l’arrêt de la fourniture en énergie solaire,
puis avec l’affaiblissement de la deuxième batterie)…
Une
route, plutôt une piste, caillouteuse, pleine de nids de poule et de dos d’âne
(grosse poule et gros mulet). De temps à autre nous avons croisé des cimetières
kazaques, musulmans, tout à fait typiques. Sur cette route, nos amortisseurs
n’auraient pas tenu au terme des 200 ou 300 km. Sur le conseil d’une charmante
automobiliste kazaque – parfaitement anglophone – nous avons abandonné la
route. Selon cette jeune dame, la route est ainsi abîmée sur la totalité du
trajet, jusqu’en Ouzbekistan. Elle nous a conseillé, vu l’heure, 18 h, de nous
arrêter au prochain village pour la nuit. Ce que nous avons fait. Nous nous
sommes arrêtés au village de Xuyaz (peu avant, des policiers nous ont dit qu’il
n’y avait pas de problème et que nous pouvions même profiter de la rivière et
pêcher). C’est un tout petit village fait d’une vingtaine de maisons, très
calme, traversé par une rivière, elle même occupée ainsi que ses berges par des
animaux en parfaite liberté tels que des chevaux, des vaches, moutons, brebis
etc. Nous avons passé la nuit – fraîche – parmi eux. Et non loin d’un vieux
cimetière. La nuit fut complètement noire et silencieuse hors le bruit des
animaux.
Le
lendemain il a fait, dès les premières heures, extrêmement chaud, avec un vent
(tel un sirocco) insupportable. Nous avons découvert les environs, un village
accessible par route goudronnée… son nom est « Akkel » et sa mosquée est
sans minaret (dans le village où nous avons passé la nuit, il n’y a pas de
mosquée). Nous avons, compte tenu de tout cela, pris la douloureuse décision de
ne pas poursuivre la route vers l’Ouzbékistan, vers Samarcande… notre véritable
objectif, u risque d’endommager le Nomadeur. Le rêve de visiter l’illustre
ville de Tamerland tombe à l’eau. La
route vers le Sud-Est à la recherche de ma Pierre Philosophale et de Ibn Hayyam
s’arrête ici. Tombe à l’eau également le projet d’animer un ou plusieurs ateliers
d’écriture (tel que nous l’avions enregistré avec le directeur de l’Alliance
française à Tashkent) liant l’Ouzbekistan, la France et l’Algérie à travers des
textes littéraires, non sans oublier le
célèbre texte Djamilia de Tchinghiz Aïtmatov le Khirghize… Mais ce n’est que partie remise. Nous nous y
rendrons par d’autres moyens, dès que possible, juré.
Cet
échec (c’en est un) me renvoie à un précédent, c’était en 2011, nous avions
pour objectif d’atteindre le nord du cercle arctique, à Tuktoyaktuk (grand nord
canadien), et nous ne l’atteignîmes pas à cause d’une sottise…
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(+ 266_267_269_270 etc…)
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les yeux dans les poches et la gorge nouée, nous avons pris la même route pour
le retour vers la frontière russe, aidés à la sortie de Xuyaz par deux jeunes
qui nous ont fait gagner près d’une heure en empruntant une piste impossible
(sablonneuse, difficile… que seuls les locaux connaissent et empruntent) avant
de rejoindre la route principale (elle même et nous l’avons dit, extrêmement
impraticable.
En
fin d’après-midi nous avons retrouvé Astrakhan. Une ville qui donne la
sensation d’être au bout du monde, la même sensation que nous avons éprouvée à
Narvik, Hammerfest, Yellowknife… Le matin du vendredi nous nous sommes rendus à
la Banque Cbepbahk à hauteur du « Kremlin » pour échanger quelques
billets d’euros en monnaie locale. Cela nous a été refusé au prétexte que nos
billets étaient « troués » (il s’agit en fait de deux trous
d’agrafeuse) et que par conséquent ces billets seraient refusés par la Banque
Centrale de Russie !… Le personnel de cette banque nous a carrément
orienté vers Western Union (dans le même bâtiment) qui a procédé au change en
moins de trois minutes.
Nous
avons quitté ensuite la ville pour Élista où nous arrivons en fin de journée.
Des
travailleurs, le long de la route, de part et d’autres ramassent les détritus
que les gens jettent de leur véhicule. Sur plus de 300 km le paysage est
triste. De la steppe parfois tr ès clairsemée avec des espaces sablonneux.
Est-ce un désert ? peu de villages, tous espacés de plusieurs centaines de
kilomètres entre eux. La steppe passe du vert au jaune. Les broussailles sont
rabougries. Les vallons sont nombreux. La route est sans fin. Des troupeaux de
vaches, moutons, chèvres… paissent alors qu’à l’horizon il n’y a ni ferme, ni
village. Un vent très fort et frais balaie la région depuis le départ jusqu’à
Élista. Des parcelles de champ sont entièrement brûlées.
À Elista
nous nous sommes installés en plein centre-ville dans un parc. Nous avons constaté la présence de
populations très typée « asiatique ». Les temples et statues de bouddha
sont nombreux. Ceci sera confirmé par un jeune, « Cyrille », qui a
tenu à nous exprimer sa fierté d’être, non pas musulman, mais bouddhiste, il
insista « w’re not muslim ». S’en est suivi une discussion sur
l’islam, les fanatismes… Le lendemain nous nous réveillons la tête enfarinée.
Nous n’avons quasiment pas dormi à cause des fêtards.
La
publicité, dans les pays que nous avons visités (Serbie, Turquie, Russie…)
mettant en avant le corps de la femme pour la vente d’un produit est quasiment
inexistante. Et cela met d’autant plus en relief le caractère pornographique de
la quasi totalité des publicités en Occident, notamment en France. Il a plu
depuis le matin, depuis Elista, de fortes pluies tout au long de la route. À la
limite de la République Kalmykia, à un contrôle routier fixe, l’agent présent
nous a fait signe de continuer. La route est bonne dans l’ensemble, hormis un
court tronçon difficile à cause de la pluie.
Les
champs ont été entièrement labourés, sur des dizaines de km2, auxquels
succèdent d’autres espaces aussi grands, comme ceux de tournesols, la fleur
pointant le sol et non le soleil, et auxquels succèdent d’autres champs
labourés. Un chien, sorti de nulle part, nous regarde, aussi surpris que nous,
passe à vive allure pour disparaître aussitôt. Les premiers rayons de soleil,
timides, sont apparu alors que nous approchions de la ville de Stavropol (en
région de Stravopol’skiy) à 720 km au sud de Elista, et que la circulation
plutôt léthargique jusque-là, se réveilla. Il était 14 heures.
Il
faut dire que nous avons l’impression que les Russes conduisent leurs
automobiles aussi intrépidement et en masse, de jour comme de nuit sans
discontinuer. De la folie, en prenant un malin plaisir à faire crisser leurs
pneus sur le macadam en grande souffrance.
Nous
avons fait une courte halte dans la ville de Nevinnomyssk, manifestement
ouvrière. Une petite fête s’y déroule à laquelle nous assistons. Des enfants
chahutent tandis que leurs parents apprécient, discutent…
Nous
voici donc à Pyatigorsk. Non loin de son lac. Nous prenons un café dans la
grande avenue du centre, près du Kongume pekaa à l’angle de la dite avenue.