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lundi, décembre 26, 2005

08 - Kateb Yacine



Le Jeune Indépendant (algérien) - 06 au 13 novembre 1990 – N° 11


ITINERAIRE DE KATEB YACINE

Edouard Glissant écrivait dans a préface au "cercle des représailles" de Kateb Yacine :
« Aujourd'hui plus qu'hier, nous ne pouvons envisager notre vie si notre art en dehors de l'effort terrible des hommes qui, de races et de cultures différentes, tentent de s'approcher et de se connaître".

En tout lieu Kateb Yacine aura voué sa vie au combat pour le rapprochement des êtres : pour la vie (l’âme condamne à mort/La défaite").

Ce combat s'impose à lui dès sa naissance même: « je vis le jour en chambre verte dans La Casbah face à la caserne, tout au fond de l'impasse… » . Mais le véritable déclic, le véritable point de départ de tout ce que créera Kateb Yacine s'opère en lui un jour de mai 1945 à Sétif. Il a alors quinze ans et demi. Pour avoir participé aux manifestations nationalistes il est emprisonné. ".C'est alors en prison qu'on assume la plénitude de ce qu'on est et qu'on découvre les êtres... J'ai découvert alors les deux choses qui me sont les plus chères : la poésie et la Révolution" (1 )

A seize ans, il publie à Bône (Annaba) son premier recueil de vers grâce à son "père spiritue" cheikh Mohamed Tahar Ben Lounissi.



Le Congrès du PPA/MTLD décide en février 1947 de la création de l’ Organisation Spéciale. D’autres fédérations et associations sous l’égide du mouvement révolutionnaire sont créées. C'est en Mai de la même année que Kateb Yacine part pour Paris. C'est son premier grand voyage. Il y donne une conférence sur « l’Emir Abdelkader et l’indépendance algérienne ». «… il est un fait flagrant, plein de bon sens, qu’aucune personne sincère et avertie ne peut songer à mettre en doute : c’est que l’Algérie, après avoir triomphé de toutes les formes de colonisation depuis la
phénicienne, en passant par la romaine, s'est intégrée d’elle-même à la communauté arabe et musulmane. Et elle tient tellement à cette communauté que malgré la chute de l’Empire et du prestige musulman, cent dix-huit ans de militarisme français, ne l’ont pas écarté de l’Islam.
Voilà la plus belle victoire spirituelle d’une civilisation qui n’est ni prête, ni résolue à périr !… Le combat de l’indépendance commencé par Abdelkader continue, a toujours contiriué… ». Kateb Yacine achève son intervention par un souhait : « Quant à moi, j’aurais accompli ma plus belle mission si je gagnais de nouvelles sympathies françaises à la cause de l'indépendance de mon pays" (2).
Plusieurs publications paraissent cette même année et suivantes, ainsi : un poème « Ouverte la voix », « Nedma ou le poème et le couteau », « les ascètes redoublent de férocité »…

A dix-neuf ans Kateb Yacine est journaliste à Alger Républicain, affecté à la rubrique culturelle.
En novembre 1954, Kateb Yacine habite sous les toits de Paris. « …Mon domicile est devenu le rendez-vous perpétuel des jeunes militants… » (3)
En juillet 1956-paraît « Nedjma ». C’est un roman de longue maturation. D’innombrables recherches ont de par le monde à ce jour tenté de cerner cette œuvre totale, mais le peuvent-elles ?
Réponse de Kateb Yacine : « Nedjma (comme l'Algérie) est une femme qui se cherche, que l’on cherche. Actuellement, la recherche n'est pas encore finie. Au fond un symbole ce qu’il a de propre c’est qu’il est insaisissable et que, en même temps, chaque fois qu’on l’examine d'un côté où de autre, il est de plus en plus riche en signification..." (4).

En 1987, Kateb Yacine dénonce la censure et l'auto-censure, ce "langage de la peur"; lui pour qui l’écrivain "quand il a quelque chose à dire, il faut qu’il le fasse, quitte à crever mais il faut qu'il le fasse".

Sa dernière parution publique à l’occasion du (dernier ?) festival international du court métrage d’Oran du 1er au 4 juillet 1989 fut très bénéfique aux nombreuses personnes venues questionner l’écrivain.
Un film sur Kateb Yacine du réalisateur Kamel Dahane y était programmé. « Kateb Yacine, l’amour et la révolution".

Quelques mois plus lard, au soir de ce 28 octobre 1989, consternés, le regard fixé sur notre chaîne unique nous eûmes droit – en direct – au dernier pied-de-nez de Kateb Yacine au produit de la censure…
Le poète a toujours raison.

HANIFI Ahmed


Les notes (1-2-3-4) ainsi que des paragraphes entiers ont « sauté ». Le journal ne les a pas retenus, par omission ou choix.

Kateb Yacine 1 Nedjma (INA)


Kateb Yacine 2 Retour à Akbou (merci Shadowboxin)


Kateb Yacine 3 (merci Hchicha)


Kateb Yacine 4 (merci ZeusZahouani)


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