En librairie, dès le 25 octobre.
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L’automne
déjà ?
Désormais mon
soleil rafraîchit son visage à l’eau de mer. Qu’il est loin le chant du
coq…celui-là même qui m’a ouvert au monde et m’y a mis. Les saisons dansaient
autour de mes insouciances, et mes rêves insensés froissaient les cloisons jusqu’aux
plus sophistiquées. ‘‘Larguez les amarres !’’ s’exclamaient
les marins des mers et des océans aux hommes arrimés à leurs certitudes,
servitudes. À leurs misères.
Je les ai
bien écoutés et le moment propice un jour, alors que le printemps de nouveau
parsemait ses robes versicolores et emplissait nos îlots de ses effluves
enivrants, j’ai attendu que l’obscurité s’installe pour envelopper l’amertume,
le conformisme et tous les ismes et umes à ma portée – ils ont longtemps
brûlé le sel de mon corps à mon corps défendant – dans un manteau que j’ai mis
en bière et jeté par-dessus bord, pas comme une bouteille qui dit autre chose,
qui crie ‘‘j’arrive !’’ mais
pour m’en délester définitivement. J’avais vingt ans, mon éternité tenaillait
tous les enfers. La veille j’avais craché sur les poids et mesures de la
Balance et toutes les lâchetés. Adieu aussi aux amitiés asséchées,
décharnées ! ‘‘A nous deux
liberté !’’
Il fallut
manœuvrer et s’armer de patience. Voilà que l’horizon n’était plus qu’une ligne
du large, dépassée. L’envers de l’enfer n’était pas l’endroit du paradis. Que
de couleuvres avais-je eu à avaler ! Dans les berges d’Amsterdam, des
matelots ivres et des femmes-accordéons m’ont lancé des frites belges et j’ai
fermé les yeux. Dans mon dos innocent, des index tapageurs pointaient mon
intrusion. Avaler des danses et des boas, n’est-ce pas le lot de notre
humanité ?
Plus tard,
dans d’autres contrées où l’atmosphère se parait de bienveillance, j’ai frôlé
la fierté de montagnes souvent inaccessibles. Au pied de l’astre bleu des beaux
jours, j’ai fait des rencontres inattendues. J’ai déambulé dans les banlieues
de la vie à la recherche d’audaces à assouvir et une langue pour m’y noyer
corps et plume. Des danses il y en eut d’autres, de toutes sortes, jusqu’à la
torride Turku, jusqu’aux aurores boréales. Aux quatre points cardinaux, sans
crier gare, les clepsydres se chargeaient d’écouler les émois du monde en
perpétuel équilibre incertain. Ils s’écoulèrent et s’écrouleront, percés par la
Flèche.
Les souvenirs
paralysent ma mémoire dans leur inévitable conversion.
L’aurore que
j’avais longtemps soumise à mes caprices ne m’a pas toujours été fidèle non
plus. Aujourd’hui le ciel se couvre un peu plus. Des orages obscurs
s’amoncellent alentour sur les aubes et les hommes de ma génération. Mon soleil
se farde de rouge et le questionnement aporétique égrène prestement les saisons
qui ne cessent de virevolter dans un monde engoncé dans une profonde
dépravation. N’est-ce pas déjà l’annonce du seuil d’un intime et banal
automne ?
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