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dimanche, octobre 30, 2016

555_ Salon du livre d'Alger (SILA) 4.








Samedi 29 octobre 2016_ Mauvaise nuit. Très. Que de bruit, que de bruit ! Ce ne fut pas le Hammam, pas même le souk aux bestiaux ou quelque autre souk ou je ne sais. Un entre-deux insupportable. Les boules Quiès que j’ai confectionnées à partir de mouchoirs en papier (Kleenex ou équivalent) ne servirent à rien. J’ai subi (avec d’autres clients qui n’ont rien demandé) le trafic imbécile de quelques imbéciles – comme leur trafic – jusqu’à une peut-être deux heures du matin.
7h30. Petit déj et l’Internet dans le salon. Très fluide le Net, because le salon, « D-Link_DAP_XXX » etc. Dans les chambres, c’est au gré du bon vouloir de l’air ambiant. Un Égyptien fait des siennes. Il ne se rend pas compte qu’il n’est pas seul (j’écris « Égyptien », mais il ne l’est peut-être pas. Je m’oriente à l’accent. Mais que sais-je des accents ?) Bref, le type parle si fort que je me demande s’il n’est pas totalement sourd. Les clients (une demi-douzaine) qui sirotent tranquillement leur café, café au lait, jus d’orange ou d’abricot (avec croissant, pain confiture) font mine de ne pas être dérangés. Mais ils le sont parfaitement, comme moi je le suis. Mais bon je me dis, « barrani ». Je ravale mon mécontentement. C’eut été un gars de chez nous, je me serais dit « Ya khi arriviste ya khi ». Mais non, il n’est pas d’ici, c’est un Égyptien, enfin, je veux dire, un étranger. (Là je prends une pause pour expliquer, car une personne m’a reproché d’être ironique et sévère dans mes commentaires et que je déformais la vérité. Elle a raison cette personne. Je lui réponds que j’essaie d’écrire des textes qui ne reflètent pas véritablement à 100% la réalité de la vie vraie (hormis les photos, vidéos), mais qu’il s’agit pour moi de raconter d’une certaine façon les journées à Alger en utilisant un langage spécifique… Ma vérité elle est dans les marges de l’écriture, pas dedans, hé oui ! ou plus exactement, ma vérité se trouve en creusant les mots, pas en se contentant de leur surface qui n’est finalement pas si importante que cela.)

10h08. Je quitte l’hôtel. Il fait super beau, avec une petite brise qui caresse les visages. La grande poste. Les gens m’ont l’air disposés à la bonne humeur. Ils sont souriants, alertes. Ils marchent, le pas décidé et le regard aux aguets. Ont envie de positiver. A moins qu’il ne s’agisse là que de moi. C’est moi qui suis plus en forme, malgré l’horrible nuit. Il est vrai aussi que nous sommes samedi, autrement dit jour de week-end, le second.
Métro : « Un ticket combiné s’il vous plaît pour la foire. » (je dis ‘foire’ moi aussi). « Ma kench, tram habess ». C’est le guichetier. Il m’explique qu’il y a un problème « grève »… Il me conseille de prendre le métro jusqu’au terminus « El Harrach Centre » et prendre là-bas le car qui va à Dar el Baïda ».  Terminus, marche de cent mètres, à gauche, puis à droite encore cent mètres. Une tahtaha (esplanade), voilà les cars, minicars. « Il faut patienter, car elkiran, les cars, il y en a deux, sont pris au piège des embouteillages au niveau de la foire, patientez s’il vous plaît. » La patience fut courte, 20 minutes seulement. En voilà un. « Dar el Baïda, dar el Baïda ! » En moins de deux minutes le minicar (plus de 60 personnes) est comble, 20 DA, sans ticket… je n’ose rien dire puisque personne ne dit rien. Normal.
Je suis assis à l’avant dernière rangée du véhicule. Derrière moi deux hommes discutent. Ne sont pas très jeunes. Peut-être mon âge (vieux quoi). L’un d’eux semble (au vu, ou plutôt à l’ouïe, de ce qu’il dit) avoir vécu en France. Et on y va « les fromages ? eh ! ils en ont un milliard ! » je me retourne et constate qu’ils ont l’air sérieux… puis « A 18 ans, s’il reste à la maison le fils il paie 50% du loyi à son père ou alors il s’en va ! »… puis « ils aiment vivre seuls les vieux, c’est comme el-hallouf ! » Je me suis demandé – honnêtement, si ce type ne perçoit pas, tout en étant ici au Bled, le minimum vieillesse ou le RSA : plus de 500 € (700 ?), en crachant dans la soupe. Je me le suis honnêtement demandé. Bon voilà quoi… « Âïb alih » ai-je pensé. Il y a des pauvres en France qui ont besoin de ce RSA, et lui il est là à vivre très bien à l’étranger avec leur argent et il crache dans la soupe française, « Âïb alih ». Je les ai juste regardés sévèrement en descendant. Ils ont compris, j’en suis certain.
 
11H50 : à l’entrée B1 comme B2 la foule est beaucoup plus nombreuse que les jours précédents. A l’intérieur c’est pire qu’un stade complet comme un œuf d’autruche ou d’oie au moment où l’arbitre siffle la fin de la partie. Tout le monde se lève comme un seul homme et avance vers la sortie, combien trop exiguë. Et la chaleur, la chaleur !
Je pars à la recherche du stand M16. « 1° étage ». OK. Mettez-vous à ma place : vous avez devant vous une affichette mentionnant « M 26 », puis une autre « M 24 », puis « M 22 ». Que vous diriez-vous ? Que vous y êtes presque ? Vous avez tord. Je passe devant le stand « M22 », puis « M20 », puis « M 73, « 71 », « 69 »… A devenir dingue non dans ce hammam ?
Je finis par trouver. Zehira est là. Souriante. « Bonjour, je suis Ahmed Han… » « Ah !.... » Cette femme est formidable. Zehira vit au Canada depuis de nombreuses années. Elle a écrit « Le portrait du disparu… », « Lettre d’une musulmane aux Nord-américains »… C’est une femme aux convictions politiques formidables. Elle me dédicace son dernier livre, un roman « La honte se vit seule ». En couverture « Le Cri » de Munch. Un roman poignant sur l’espoir de l’homme (H) et le tragique de la réalité qui lui est imposée. Je lui offre mon dernier recueil… Asta luego …

14 heures, salle des Conférences. « La littérature algérienne, 3° génération. » Waciny Laarej est modérateur. Place aux jeunes ! Il y a là Amine Aït el Hadi, Abderrezak Boukeba, Nassima Bouloufa, Abdelouahab Aïssaoui, Lounis Benali, arabophones et Khaouter Adimi, francophone. Quelle énergie et quelles certitudes dans les interventions ! Pourquoi pas, bravo !
Parmi le public attentionné, il y a Fayçal M. que je vais voir… discussion…
Au stand de Livrescq je retrouve Nadia S. Et, surprise, H. X. Nous avions passé de bons moments lors du Forum du livre (en décembre dernier) avec notamment lectures de textes dans un superbe café sur les hauteurs de la Casbah devant un verre de thé à la menthe et la mer.

Dans la bouche de Métro « Les fusillés » une trentaine de policiers casqués sont postés. L’ambiance n’est pas à l’émeute. Bon enfant. Peut-être en rapport à la grève.




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PS : Je dédie le texte de cette journée à la jeune H. X. avec mon amitié sincère.

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